Ostéoporose : de nouvelles données sur les traitements

29/06/2022 Par Roxane Goulam
Rhumatologie
Une vaste étude en vie réelle, présentée au Congrès de l’European League Against Rheumatism (Eular, Copenhague 1er- 4 juin) confirme l’efficacité des traitements. Elle met aussi en évidence un délai d’apparition des bénéfices de 6 à 12 mois.

L’efficacité des traitements contre l’ostéoporose est bien connue, grâce aux données d’un certain nombre d’études cliniques. Cependant, quelques fois, les observations de ces résultats théoriques en vie réelle semblent montrer une efficacité différente pour un traitement donné. « En effet, nous constatons parfois des résultats qui ne sont pas alignés avec les résultats des essais cliniques », explique le Dr Giovanni Adami, rhumatologue à l’unité de rhumatologie (Université de Vérone, Italie). L’efficacité du traitement en question ainsi que sa pertinence par rapport à un autre traitement peut alors devenir sujet à controverse. L’équipe du Dr Adami s’est justement basée sur ces observations pour mener une étude dont l’objectif primaire était de montrer l’efficacité des traitements contre l’ostéoporose en vie réelle, dans une cohorte représentative de femmes italiennes à risque de fractures. « Cette étude longitudinale a utilisé une large base de données pour évaluer l’efficacité des traitements chez plus de 59 000 patientes à risque de fracture. Cet échantillon de grande taille nous permet de consolider les résultats de notre étude. Ces derniers montrent que les biphosphonates, le dénosumab et le teriparatide sont des molécules qui diminuent effectivement le risque de fracture chez les patientes traitées, respectivement de 30%, 60% et 80%. », rapporte le rhumatologue. Il est à noter que les effets des biphosphonates apparaissent, selon l’étude, dans un délai de 6 à 12 mois après l’initiation du traitement, ce qui signifie que ces thérapies ne sont pas appropriées lorsque le risque de fracture est imminent, mais sont plutôt adaptées pour des situations moins urgentes et pour une action sur les moyen et long termes. L’impact de la pollution sur l’incidence de l’ostéoporose Le Dr Adami et son équipe est, par ailleurs, intéressé à l’association entre l’exposition aux particules fines et l’ostéoporose. Il est établi que la pathogénèse de l’ostéoporose est multifactorielle, avec une composante génétique et une composante environnementale. Le Dr Adami a cherché à préciser et à caractériser les composés environnementaux qui pouvaient avoir une influence sur la maladie. A titre d’exemple, l’équipe de chercheurs s’est penché sur des facteurs comme la cigarette, qui est un facteur de risque connu de l’ostéoporose et des fractures, et qui, en outre, contribue à la pollution atmosphérique. « Notre objectif était de déterminer le lien entre l’exposition chronique à la pollution aérienne et l’ostéoporose. Les résultats de nos analyses ont montré qu’il y avait un sur-risque d’ostéoporose lorsque l’on était exposé à la pollution et que, plus le taux de pollution était élevé, plus le risque était effectivement élevé, avec un développement plus rapide de la pathologie. », déclare le rhumatologue.


Ostéonécrose de la mâchoire : un effet indésirable rare de l’acide zolédronique
Le Pr Véronique Breuil, rhumatologue (Université de Nice), s’est quant à elle penchée sur l’acide zolédronique, biphosphonate de 3ème génération communément utilisé dans les complications musculosquettiques en oncologie ainsi que dans l’ostéoporose. Elle a plus particulièrement étudié l’un des effets indésirables rares associé à ce médicament : l’ostéonécrose de la mâchoire. La rhumatologue expose : « L’ostéonécrose de la mâchoire est un évènement indésirable rare associé aux biphosphonates, initialement décrit en oncologie, avec un risque de survenue sous zolédronate entre 1% et 10%. Il se trouve que, dans l’ostéoporose, l’incidence des ostéonécroses de la mâchoire est bien moindre qu’en oncologie », ajoute-t-elle.
Cette affirmation du Dr Breuil découle d’une analyse portant sur les données de la Base Nationale de Pharmacovigilance (BNPV). Pour obtenir les données les plus exhaustives possibles, la recherche a porté sur les évènements indésirables rapportés avec les biphosphonates (risédronate, alendronate et zolédronate) depuis la création de la BNPV en 1985 jusqu’en 2020. Ainsi, l’équipe du Dr Breuil a recueilli un total de4035 évènements indésirables. Parmi eux, l’ostéonécrose de la mâchoire représentait près de la moitié des cas d’effets indésirables rapportés avec le zolédronate en oncologie ; en revanche, elle ne représentait que 6% des effets indésirables rapportés avec cette même molécule dans l’ostéoporose. Le Dr Breuil en déduit donc que, dans l’ostéoporose, cet effet indésirable reste vraisemblablement rare et qu’il semble lié à l’intensité de l’inhibition de la résorption osseuse.
Concernant la notion de prévention de ces ostéonécroses, la rhumatologue attire l’attention sur la bonne hygiène dentaire : « Après la publication en 2013 de recommandations concernant l’hygiène dentaire des patients traités par biphosphonates, l’incidence des ostéonécroses de la mâchoire associées à ces médicaments a diminué de façon non négligeable. Nous pouvons donc considérer que ces recommandations ont un impact positif dans la survenue de cet effet indésirable. », conclut-elle.
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