Hyperthyroïdie induite par amiodarone : la prednisone permet la poursuite du traitement en situation d’euthyroïdie

15/03/2012 Par Pr Philippe Chanson

L’hyperthyroïdie induite par l’iode de type 2 (essentiellement l’hyperthyroïdie induite par l’amiodarone) est une pathologie qui rentre dans l’ordre toute seule, cependant, la plupart des médecins hésitent à poursuivre l’amiodarone au moment où est fait le diagnostic de l’hyperthyroïdie. Lorsque la prednisone ne parvient pas à restaurer une euthyroïdie, le perchlorate pourrait être utile car il réduit l’effet cytotoxique de l’amiodarone sur les thyrocytes…. Cela est-il vrai ? Afin de mieux déterminer le type de stratégie thérapeutique à mettre en route chez les patients ayant une hyperthyroïdie induite par l’amiodarone, une étude randomisée multicentrique a été conduite dans 10 hôpitaux des Pays-Bas afin de démontrer la faisabilité de la poursuite de l’amiodarone dans l’hyperthyroïdie induite par ce médicament et d’évaluer l’utilité du perchlorate donné seul, ou en combinaison avec de la prednisone. Les patients ayant une hyperthyroïdie induite par l’amiodarone de type 2 étaient randomisés pour recevoir de la prednisone 30 mg par jour (groupe A), du perchlorate de sodium 500 mg X 2 par jour (groupe B) ou de la prednisone et du perchlorate (groupe C). Tous les patients poursuivaient l’amiodarone et tous les patients étaient aussi traités avec un antithyroïdien de synthèse 30 mg par jour (même si l’on sait que les antithyroïdiens de synthèse dans ces hyperthyroïdies induites par l’amiodarone qui entraînent une thyroïdite et donc une destruction de la thyroïde ne sont généralement pas efficaces). Le suivi a duré 2 ans. Le traitement initial était efficace chez 100 % des patients du groupe recevant la prednisone seule, chez 71 % des patients recevant le perchlorate et chez 100 % de ceux recevant les deux (p = 0.03). Les 29 % d’échec du groupe traité par perchlorate seul sont devenus euthyroïdiens après association de prednisone dans un 2èmetemps. Ni le temps mis à ce que la TSH atteigne ou dépasse 0.4 mU/l (8 semaines dans le groupe A, 14 semaines dans le groupe B et 12 semaines dans le groupe C) ni le temps mis à ce que la T4 libre atteigne ou diminue en dessous de 25 pM/l (4 semaine groupe A, 12 semaines groupe B et 8 semaines groupe C) n’étaient significativement différents entre les groupes. Une récidive de l’hyperthyroïdie est survenue dans 8.3 % des cas. En conclusion, l’euthyroïdie est obtenue malgré la poursuite de l’amiodarone chez tous les patients. La prednisone reste le traitement de choix de ces hyperthyroïdies induites par l’amiodarone, essentiellement parce que le perchlorate donné seul ou en combinaison avec la prednisone n’a pas de résultat meilleur.

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