Couple stérile avec spermogramme normal : la FIV devrait l’emporter sur l’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes

03/05/2021 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
L’utilisation de l’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) a été développée, initialement, dans le cadre des infertilités masculines sévères.

Cette technique permet, en cas d’oligospermie, de se contenter d’injecter un seul spermatozoïde dans l’ovocyte prélevé alors que dans la FIV classique, les ovocytes prélevés sont laissés plusieurs heures en présence de plusieurs milliers de spermatozoïdes du partenaire masculin dans l’attente d’une fécondation naturelle par un spermatozoïde qui pénètre spontanément dans un ovocyte. Cependant, au cours des 20 dernières années, on a assisté à une augmentation rapide de l’utilisation de l’ICSI (dans plus de 70 % des cas des FIV actuellement) et cette augmentation s’est faite principalement alors même que le facteur masculin n’est pas le facteur en cause dans l’infertilité. Certaines études ont montré des taux inférieurs de naissances vivantes après ICSI en comparaison de la FIV conventionnelle alors que d’autres ont montré des résultats identiques.  

Afin de savoir de manière plus définitive si l’ICSI est meilleure que la FIV conventionnelle dans les cas d’infertilité chez lesquels le partenaire masculin a un spermogramme normal, une équipe vietnamienne a mis en place une étude multicentrique, ouverte, randomisée dans deux centres de fécondation in vitro à Ho Chi Minh Ville, au Vietnam. Les couples éligibles avaient au moins 18 ans et le spermogramme était normal aussi bien en termes de numération que de mobilité. Entre mars 2018 et août 2019, 1064 couples ont été assignés de manière randomisée soit à l’ICSI pour 532 d’entre eux, soit à la FIV conventionnelle pour les 532 autres. Les naissances vivantes après le premier transfert d’embryons depuis le cycle initié sont survenues chez 35 % des 532 couples assignés à l’ICSI et chez 31 % des 532 couples assignés à la FIV conventionnelle, donnant une différence absolue de 3.4 % (IC 95 % = -2.4 à +9.2 ; rapport de risque = 1.11 ; IC 95 % = 0.93 à 1.32 ; p = 0.27). 5 % des couples dans le groupe ICSI et 6 % des couples dans le groupe FIV conventionnelle ont eu un échec de la fertilisation (différence absolue = -0.9 % ; -4 à +2.1 ; RR = 0.85 ; 0.53 à 1.38 ; p = 0.6).  

En conclusion, chez les couples infertiles chez qui le partenaire masculin a un spermogramme normal en termes de numération et de mobilité des spermatozoïdes, l’ICSI n’améliore pas le taux de naissances vivantes en comparaison de la fécondation in vitro conventionnelle. Ces résultats remettent donc en cause l’utilisation en routine de l’ICSI dans les techniques de procréation médicalement assistée dans cette population.  

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