Hospitalisation d’un diabétique de type 2 : le taux d’hémoglobine glyquée à son entrée permet de déterminer le traitement optimal à la sortie

18/11/2014 Par Pr Philippe Chanson

Le diabète constitue une cause majeure d’hospitalisation mais l’on sait que l’hyperglycémie chez les patients hospitalisés est associée à une augmentation de la morbidité et de la mortalité. Plusieurs études se sont intéressées à la prise en charge optimale de l’hyperglycémie et du diabète après la sortie de l’hôpital. Les recommandations de l’Endocrine Society ont préconisé qu’un patient diabétique ait une hémoglobine glyquée mesurée dès l’entrée à l’hôpital pour évaluer le contrôle glycémique avant l’hospitalisation et adapter le traitement à la sortie. Les recommandations proposaient qu’un patient dont le contrôle du diabète était acceptable (hémoglobine glyquée < 7 %) puisse sortir de l’hôpital en gardant le même traitement qu’avant l’hospitalisation, que les patients ayant un contrôle glycémique non optimal avec une hémoglobine glyquée entre 7 et 9 % aient une intensification de leur traitement soit en ajoutant un médicament oral, soit en augmentant la dose des antidiabétiques oraux soit en ajustant la dose d’insuline basale et enfin que ceux qui avaient une hémoglobine glyquée > 9 % devaient être des candidats à un schéma de type basal-bolus. Ces recommandations étaient basées sur un consensus d’experts mais n’avaient pas été réellement validées ; c’est pourquoi différentes équipes américaines ont mis en place une étude randomisée, multicentrique, en ouvert, prospective pour déterminer la sécurité et l’efficacité d’un algorithme de traitement à la sortie de l’hôpital basé sur l’hémoglobine glyquée à l’admission. Dans cette étude, les patients qui avaient une hémoglobine glyquée < 7 % sortaient avec le même traitement du diabète qu’avant l’admission. Lorsque l’hémoglobine glyquée était entre 7 et 9 %, ils sortaient avec un schéma qui était le même que celui d’avant l’hospitalisation auquel était ajouté de la glargine, à 50 % de la dose quotidienne nécessaire durant l’hospitalisation, et lorsque l’hémoglobine glyquée était > 9 %, ils sortaient avec leurs traitements antidiabétiques oraux antérieurs auxquels était ajouté soit de la glargine, soit un schéma basal bolus à 80 % de la dose qui leur avait été nécessaire pendant l’hospitalisation. Le critère d’évaluation primaire était l’hémoglobine glyquée 3 mois après la sortie de l’hôpital. Un total de 224 patients sont sortis sous antidiabétiques oraux (36 %), sous une combinaison d’antidiabétiques oraux et de glargine (27 %), sous un schéma basal bolus (24 %), sous glargine seule (9 %) et sous régime seul (4 %). L’hémoglobine glyquée à l’admission était de 8.7 ± 2.5 % et a diminué à 7.3 ± 1.5 % 3 mois après la sortie (p < 0.001). La variation de l’hémoglobine glyquée entre la valeur à l’admission et la valeur 12 semaines après la sortie était de -0.1 ± 0.6 chez les patients qui avaient une hémoglobine glyquée < 7 %, de -0.8 ± 1 chez ceux qui avaient une hémoglobine glyquée entre 7 et 9 % et de -3.2 ± 2.4 chez les patients dont l’hémoglobine glyquée était > 9 % (p < 0.001). Des hypoglycémies ont été signalées chez 22 % des patients sortis sous antidiabétiques oraux seuls, chez 30 % de ceux sortis sous antidiabétiques oraux + glargine, chez 44 % de ceux sortis sous traitement par basal bolus et chez 25 % de ceux qui étaient sortis sous glargine seule et il était similaire que les patients aient une hémoglobine glyquée ≤ 7 % à l’admission (26 %) ou une hémoglobine glyquée > 7 % (31 %, p = 0.54). En conclusion, la mesure de l’hémoglobine glyquée à l’admission est utile pour ajuster le schéma thérapeutique au moment de la sortie chez les patients hospitalisés en médecine ou en chirurgie et qui ont un diabète de type 2.

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