Diabète de type 1 : "L’innovation technologique change la vie des patients"

15/04/2022 Par M.P.
Diabétologie
Cellules souches reprogrammées en cellules pancréatiques, pompes à insuline automatisées, greffe d’îlots de Langerhans : des innovations changent ou devraient changer la vie des patients diabétiques de type 1, au nombre de 250 000 en France.
 

Egora-Le Panorama du Médecin : Un patient américain de 64 ans a vu son diabète de type 1 se résorber grâce à des cellules souches reprogrammées en cellules pancréatiques. Que vous inspire cette première ?
 

Pr Eric Renard : Cela reste extrêmement expérimental. Le problème est d’arriver à maîtriser complètement la stabilité des cellules ainsi produites. Il faut être sûr qu’elles ne redeviennent pas des cellules souches et se multiplient à l’infini, entraînant l’équivalent d’un cancer généralisé. Actuellement, les recherches à visée clinique sur des produits dérivés de cellules souches sont interdites en France. Autre problème : les cellules vont-elles survivre ? Si elles sont placées dans des capsules, il faut s’assurer qu’elles ne meurent pas faute d’oxygène. Nous regardons ce travail pilote avec intérêt mais avec prudence.   Où en est la greffe d’îlots de Langherans en France ?
La transplantation d’îlots de Langherans a été validée par la Haute Autorité de santé (HAS) en 2020. Cette technique a été réalisée pendant des années dans le cadre de la recherche et entre dans les soins. Mais le rendement est faible : pour traiter un patient, il faut environ quatre pancréas. Aussi, cette technique est limitée à des cas particuliers présentant une forme extrême de diabète avec une grande instabilité à l’origine d’hypoglycémies sévères récurrentes. Le deuxième problème est l’immunosuppression : les médicaments anti-rejet augmentent les risques cancéreux et infectieux. Quant à la greffe de pancréas, elle peut être réalisée avec une greffe de rein pour les patients qui sont aussi insuffisants rénaux. C’est une intervention lourde, complexe, avec un risque de mortalité. Elle n’est pas beaucoup pratiquée.   La piste de l’immunothérapie est-elle explorée ?
Dans ce domaine, il n’existe pas de produits d’immunothérapie induisant une vraie rémission. Il y a eu de nombreuses publications sur des essais menés sur des animaux mais les résultats d’essais cliniques ont été décevants. En effet, l’immunothérapie est mise en place quand la plupart des cellules pancréatiques sont mortes car on ne peut pas repérer à l’avance qui va développer un diabète de type 1. De plus, le traitement n’est pas toujours bien supporté.   Quelles sont les principales innovations dont peuvent bénéficier les patients ?
L’innovation vient principalement des dispositifs médicaux. Nous sommes en pleine mise en place du pancréas artificiel, des pompes couplées à des capteurs, automatisées par l’utilisation d’algorithmes. Le débit d’insuline est modifié en fonction de la mesure du glucose. Ces systèmes sont efficaces et allègent considérablement le fardeau de la maladie.   Combien de personnes sont aujourd’hui équipées de tels dispositifs en France ?
Sur 250 000 patients, 75 000 sont traités par des pompes à insuline. De plus en plus évoluent vers des pompes couplées à des capteurs. Ce système encore récent va exploser dans les années qui viennent. Il se développe aussi chez les enfants diabétiques qui sont pour 65 % d’entre eux sous pompe.   Tous les patients sont-ils éligibles à ces dispositifs ?
Il y a des prérequis. Les systèmes ne sont pas complètement automatisés. Ils le sont pour les situations de base, mais au moment des repas, les patients doivent être capables de compter les glucides. Cela nécessite une éducation thérapeutique. Les patients arrivent à de très bons résultats au prix d’une implication forte. Par rapport à une pompe classique, ils gagnent 10 % de temps dans la cible, passant 70 % du
temps – voire plus – avec une glycémie normale. Le risque d’hypoglycémie est divisé par deux. Et la qualité de vie est améliorée.   Va-t-on vers un système de pancréas artificiel "total", où le patient n’aura plus rien à faire ?
Des travaux américains portent sur le développement d’un algorithme de reconnaissance des repas, grâce auquel le patient n’aura pas à déclarer précisément les glucides absorbés.   Quelles sont les autres améliorations en cours ?
Nous allons vers des systèmes miniaturisés, des pompes patchs sans cathéter, couplées à un capteur. Ce sont des progrès plus minimes mais importants pour le confort des patients. L’innovation technologique
change la vie des diabétiques. Beaucoup vont pouvoir en bénéficier avec des résultats rapides.

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