L’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée : une maladie à part ?

23/01/2019 Par Marielle Ammouche
Cardio-vasculaire HTA

L’insuffisance cardiaque (IC) touche entre 1 et 1,5 million de Français, et est en constante augmentation. Il s’agit d’une maladie invalidante, avec un impact majeur sur la qualité de vie, à l’origine de 165 000 hospitalisations, et de 70 000 décès par an. Pourtant l’insuffisance cardiaque reste largement méconnue du grand public et de nombreuses zones d’ombres persistent quant à sa physiopathogénie.

De plus en plus d’experts s’accordent cependant pour dire que l’insuffisance cardiaque pourrait regrouper plusieurs entités qui, même si les symptômes apparaissent similaires, correspondraient des mécanismes étiopathogéniques hétérogènes, et qui pourraient répondre à des traitements différents. Ainsi, l’attention est actuellement portée sur l’insuffisance cardiaque dite à fraction d’éjection préservée (ICFEP), pathologie complexe, méconnue, très hétérogène et souvent associée à de multiples comorbidités, qui concerne la moitié des patients en insuffisance cardiaque. Cette maladie possède un pronostic particulièrement sombre puisqu’un patient sur deux en décède dans les cinq ans qui suivent son apparition (Dunlay Shannon et al. Nature Review in Cardiology. 2017; 14: 591-602). En outre, il n’existe aucun test diagnostic spécifique. Et à ce jour, aucun traitement n’a fait ses preuves sur la réduction de la mortalité ou du nombre d’hospitalisations. Au contraire, les traitements actuellement bénéfiques dans l’insuffisance cardiaque du post-infarctus semblent plutôt inefficaces chez ces patients. C’est pourquoi 11 acteurs de la santé ont décidé d’unir leur force. Fait assez rare pour être souligné, ces partenaires à la fois publics et privés, sont variés regroupant deux laboratoires pharmaceutiques (Sanofi et Servier, 4 start-up, et plusieurs grands organismes de recherche académique (3 unités Inserm), et hospitalière (cinq centres cardiologiques et d’investigations cliniques experts de l’AP-HP). Ils ont donc créé le consortium Pacific – pour Physiopathologie, Classification, Innovation dans l’Insuffisance Cardiaque- pour redéfinir l’ICFEP, à travers une approche globale qui associe avancées scientifiques et technologies de rupture (intelligence artificielle…). Cette collaboration, est possible grâce au soutien de Medicen-Paris-Région, fédérateur de l’ensemble des acteurs d’innovation en santé en Ile-de-France et de l’excellence de l’écosystème scientifique française. Dans un communiqué commun, ces différents acteurs affirment ainsi que "l’ICFEP reste le plus grand besoin médical non satisfait en cardiologie". Le consortium Pacific va donc s’attacher à mieux comprendre l’hétérogénéité des profils de patients (phénotypes) en mettant en place une étude clinique prospective, à identifier des sous-groupes de patients plus homogènes, à développer des outils diagnostiques spécifiques, et à structurer une filière d’innovation en France autour de l’ICFEP. A terme, l’objectif est de développer de futurs traitements personnalisés pour améliorer la prise en charge des patients, et leur permettre de suivre un parcours de soins adapté. Le programme est financé pour un durée de 5 ans pour l’instant.  

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