Prise en charge des allergies : "la place du médecin généraliste est amenée à évoluer"

17/07/2023 Par Marielle Ammouche
Allergologie
Le médecin généraliste est en première ligne pour le repérage des patients allergiques. Leur prise en charge précoce est d’autant plus importante que de nouveaux traitements ou modalités de traitement arrivent ou vont arriver sur le marché. Ainsi, chez Stallergenes Greer, les innovations thérapeutiques concernent les allergies alimentaires, aux chats ou aux acariens, ou encore l’amélioration de l’observance thérapeutique d’une immunothérapie allergénique (ITA). L’avenir à plus long terme est aux biomarqueurs dans le cadre de la médecine de précision, et peut-être aux ARN messagers et aux anticorps monoclonaux.  

 

Les allergies concerneront demain près d’une personne sur 2. Leur complexité et leur sévérité augmentent aussi, en lien avec des facteurs environnementaux. «Avec les allergies, nous faisons face à une enjeu sociétal majeur » souligne Dominique Pezziardi, Président de Stallergenes SAS. D’autant que face à cela, le nombre d’allergologues est en diminution. « Le rôle du médecin généraliste peut donc être très important ». Avant tout, sa place est dans l’identification des patients. « Le MG doit être persuadé, d’une part, qu’une prise en charge retardée est une perte de chance pour le patient car il peut évoluer vers des comorbidités plus sévères, et d’autres part, que l’immunothérapie allergénique (ITA) constitue une option thérapeutique valide pour certains de ses patients ». « La place de la médecine générale est d’ailleurs en discussion dans les instances de l’allergologie » ajoute D. Pezziardi. Cela pourrait concerner le renouvellement de thérapie. Aujourd’hui les MG sont assez peu impliqués dans la gestion des patients sous ITA. « Mais à l’avenir il est probable et souhaitable que cela évolue, et que le MG soit amené à être beaucoup plus partie prenante et actif dans l’utilisation de l’ITA ».  

 

Développement de la recherche dans les allergies alimentaires 

Actuellement, le laboratoire oriente ses recherches en particulier sur les allergies alimentaires. « Les allergies alimentaires peuvent concerner   l’allergie à l’arachide, et celle aux fruits à coque ou même aux fruits frais, qui sont très invalidantes pour la qualité de vie et peuvent croiser avec le bouleau. Il y a aussi des allergies sévères, moins fréquentes, comme celle à la noix de cajou, allergie émergeante extrêmement sévère car elle a un seuil réactogène très faible. Stallergenes Greer s’intéresse à tous les types d’allergies car son positionnement est de ne pas se cantonner aux allergies les plus prévalentes, mais de traiter tous les patients » précise D. Pezziardi. Les modes d’administration sont soit en sub-lingual soit en oral (oral immunothérapie ou OIT). La voie sublinguale pourrait – mais cela reste à démontrer- comporter moins de risque d’effet secondaire. Elle permettrait, en outre de pouvoir être utilisée en dehors de l’hôpital. « On espère que de nouveaux produits pourront voir le jour à une échéance de 5 à 10 ans ». 

 

Evolutions médicamenteuses pour les allergies aux acariens et aux chats 

Dans le domaine de l’allergie aux acariens, l’actualité récente est l’enregistrement et le lancement des formes en comprimé (Orylmyte). Son efficacité a été démontré à travers de multiples essais cliniques. Il est commercialisé dans le monde depuis plusieurs années et en France depuis décembre 2022.  

Une autre actualité concerne l’allergie aux chats. Cette pathologie est peu connue et souvent considérée à tort comme une allergie de confort. Or l’allergène du chat est très ubiquitaire, et c’est le 3ème allergène le plus fréquent chez les enfants. On outre, son lien avec l’asthme est démontré. « On a développé un produit plus dosé que jusqu’à présent (300 IR contre 100). Les retours qualitatifs de la part des médecins sont extrêmement positifs » assure le Président de Stallergenes SAS. 

 

iPump, innovation digitale pour améliorer l’observance  

L’innovation est aussi dans le domaine du digital. Ainsi, pour faciliter la prise des Allergènes préparés spécialement pour un individu (Apsi), qui sont sous forme de gouttes qui se prennent par voie sublinguale à raison de 5 pressions par jour pour une dose de 300 IR - avec des écueils possibles en termes de bon usage, d’oubli - , « nous avons développé avec la société Aptar Pharma, iPump, le premier dispositif connecté d’administration de traitement d’ITA, et son application mobile. Il se fixe sur le distributeur d’Apsi, permet de vérifier que le traitement a été pris, que les pressions ont été bien faites. Il dispose d’un chronomètre pour garder le liquide sous la langue le temps nécessaire. Il se connecte en bluetooth avec un téléphone pour suivre l’observance thérapeutique, et permet que le médecin ait accès au protocole thérapeutique. Actuellement en phase pilote, les retours de la part des patients et des médecins sont très favorables. Il sera mis sur le marché en septembre prochain ». 

Concernant l’allergie aux pollens, les études telles que Yobi, - essai clinique actuellement en cours, sur l’allergie au bouleau chez les enfants - ,  ou EfficApsi – vaste cohorte en vraie vie sur les Apsi -  confirment l’intérêt d’une prise en charge précoce par ITA. 

A plus long terme, le laboratoire a noué des partenariats avec des entreprises pour développer des programmes sur les ARN messagers, ainsi que sur les anticorps monoclonaux. 

Des recherches sont aussi développées sur les biomarqueurs, autour de 2 objectifs : l’identification des populations à risque d’allergie sévère ; et le suivi de la réponse au traitement. 

Enfin 3 prix (dotés de 50 000 euros chacun) ont été lancés par la Fondation Stallergenes Greer. L’objectif est de booster l‘innovation dans la médecine de précision. Les prix seront remis en 2024. Les dossiers sont à déposés jusqu’à fin novembre 2023.  

 

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