Conseil d'Etat

Dipa : le Conseil d'Etat inflige un revers aux médecins

Saisi par le tribunal administratif de Nancy suite au litige opposant un médecin généraliste à la CPAM de Meurthe-et-Moselle, le Conseil d'Etat devait trancher sur la question de la légalité des textes portant sur le dispositif d'indemnisation de la perte d'activité (Dipa). Il a rendu son avis ce mardi 23 juillet.

26/07/2024 Par Sandy Bonin
Assurance maladie / Mutuelles
Conseil d'Etat

Le Conseil d'Etat devait trancher sur les questions de "l'illégalité" de l'ordonnance du 2 mai 2020 qui a institué le Dipa, ainsi que sur la légalité du décret du 30 décembre 2020 qui a précisé son mode de calcul plusieurs mois après le versement des acomptes. 

"Le Conseil d'Etat a balayé nos arguments et a tranché pour un mode de calcul très en faveur des caisses", a déploré, auprès d'Egora, le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp en charge de la cellule juridique de la Fédération des médecins de France (FMF). En effet, le Conseil d'Etat a estimé "que l'exception d'illégalité" des deux textes n'est pas fondée.

Sur la question de l'illégalité de l'ordonnance du 2 mai 2020, les médecins considéraient que cette ordonnance constituait "une rupture d'égalité" entre les médecins libéraux et les établissements de santé. Le Dipa des premiers ne visait qu'à compenser "partiellement les charges" qui ont continué à tomber durant le confinement, tandis que la "garantie de financement" mise en place pour les seconds couvrait également les "pertes de recettes". 

Dans son arrêt, le Conseil d'Etat a estimé que l'aide instituée par l'ordonnance attaquée ne visait pas à "leur assurer une garantie minimale de recettes "mais "à leur permettre de couvrir leurs charges malgré la baisse de leur activité au cours de la période prévue".

En ce qui concerne le décret du 30 décembre 2020, les médecins le jugeaient non conforme à l'ordonnance ayant permis le versement de l'avance, car il ne prenait pas en compte les rémunérations forfaitaires dans le calcul du revenu de référence (2019). Il était également jugé non conforme "au principe général du droit de sécurité juridique" "Une aide moins importante que celle que laissait espérer l'ordonnance", un "délai écoulé" entre l'octroi de l'avance et le calcul définitif, et "l'espérance déçue d'une aide dont les modalités de calcul n'étaient pas prévisibles" étaient mis en cause.

Le Conseil d'Etat a jugé que la formule de calcul du montant de l'aide consistait à appliquer le taux de charges fixes moyen du professionnel à un montant évaluant sa baisse d'activité sur la période d'activité couverte, en retirant du résultat obtenu le montant des indemnités, des allocations et des aides liées à l'ordonnance du 2 mai 2020. Le Conseil d'Etat a donc estimé que le montant des rémunérations forfaitaires versées aux professionnels de santé, en plus des honoraires sans dépassement qu'ils facturent, n'était pas affecté "de manière significative".

Enfin, si, afin de soutenir rapidement les professionnels de santé, il a été prévu que l'aide serait versée sous forme d'acomptes, il était également spécifié que la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam), une fois le montant définitif de l'aide arrêté, procéderait s'il y a lieu au versement du solde ou à la récupération du trop-perçu au plus tard le 1er juillet 2021 a tranché le Conseil. Les professionnels de santé ne pouvaient donc ignorer que les acomptes d'aide versés avant l'intervention du décret du 30 décembre 2020 étaient à titre provisoire.

Bien que les modalités de calcul de l'aide ont été précisées plusieurs mois après le versement d'acomptes et sans reprendre à l'identique les critères retenus à titre provisoire pour ces versements, ce qui a conduit à des récupérations de trop-perçus, cela n'a pas porté une atteinte excessive aux intérêts des professionnels concernés, a estimé le Conseil d'Etat. Ainsi, le décret du 30 décembre 2020, en précisant les modalités de calcul de l'aide instituée par l'ordonnance du 2 mai 2020, n'a porté aucune atteinte au principe de sécurité juridique, a ajouté le texte.

Mais malgré ce revers du Conseil d'Etat, "les procédures continuent à vivre avec les autres arguments que nous avions évoqués", a assuré Marcel Garrrigou-Grandchamp, "ça n'est absolument pas fini". "Tout était bloqué dans l'attente du Conseil d'Etat mais les procédures vont bientôt être audiencées", prévoit le médecin de la FMF qui suit encore environ 80 dossiers.

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

7 débatteurs en ligne7 en ligne
Photo de profil de Dominique SOUVESTRE
2,6 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 1 an
Un forum c'est fait pour dire ce qu'on pense. Jamais je n'aurais imaginé que l'on puisse indemniser des médecins LIBERAUX à cause d'une épidémie. J'ai connu au moins 2 confrères généralistes ayant une très bonne activité habituelle et qui ont bénéficié du Dipa. Et moi, MG également? Recettes 2020 presque égales à celles de 2019. Comment est ce possible? Suppression de plusieurs semaines de vacances devenues inutiles. Et début d'une nouvelle vocation avec mise en route des téléconsultations WhatsApp pour remplacer les vraies consultations impossibles. Je repense aussi à un patient qui m'a quitté suite à mon refus de le recevoir en présentiel pour un motif bénin.
Photo de profil de Avocat  Du Diable
3,2 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 1 an
Pendant le confinement , certains étaient confinés et indemnisés , d'autres se devaient de travailler au risque de leur vie et payer des impôts sur leur revenu . Encore une fois la France , liberté égalité fraternité considère normale que sa devise s'appliquent pour les uns et aux dépends des autres . I' histoire nous donnera peut être un jour quelques explications quant à l'application d'une devise qui développe l'injustice et l'inégalité au lieu d'y répondre . J'ai honte de mon Pays pour ceux qui le dirigent .
Photo de profil de JACQUES R
3 k points
Débatteur Passionné
Biologie médicale
il y a 1 an
Le conseil d'Etat: des énarques qui jugent les actes d'autres énarques. Le citoyen ordinaire doit être naïf pour croire qu'il peut s'en sortir avec bénéfice. On l'a bien vu avec l'association Canol à Lyon.
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2