FMC : 10 points clésDénutrition du sujet âgé

Des recommandations récentes de la Haute Autorité de santé ont précisé la stratégie diagnostique.

Emma Francès
  1. 01
    Point formation n°1

    On estime à près de 2 millions le nombre de personnes souffrant de dénutrition en France. Les personnes âgées, à domicile (400 000 personnes), en institution et à l’hôpital (270 000), sont particulièrement concernées.

  2. 02

    Le vieillissement s’accompagne d’une modification de la composition corporelle, avec une diminution de la masse maigre et une augmentation de la masse grasse.

  3. 03

    Le diagnostic de dénutrition de la personne âgée de 70 ans et plus repose sur la présence d’au moins un critère phénotypique et un critère étiologique. Les critères phénotypiques sont : perte de poids ≥ 5 % en un mois ou ≥ 10 % en six mois ou ≥ 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie ; IMC < 22 kg/m² ; sarcopénie confirmée (sur critères de l’EWGSOP 2 définissant la sarcopénie confirmée comme l’association d’une réduction de la force et de la masse musculaire).
    Les critères étiologiques sont : réduction de la prise alimentaire ≥ 50 % pendant plus d’une semaine, ou toute réduction des apports pendant plus de deux semaines par rapport à la consommation alimentaire habituelle, ou aux besoins protéino-énergétiques ; absorption réduite (malabsorption/maldigestion) ; situation pathologique (aiguë, chronique, ou maligne évolutive).

  4. 04

    On parle de dénutrition sévère lorsque : IMC < 20 kg/m² ; perte de poids ≥ 10 % en un mois, ou ≥ 15 % en six mois, ou ≥ 15 % par rapport au poids habituel ; albuminémie ≤ 30 g/l.

  5. 05

    Les personnes âgées en situation d’obésité (IMC ≥ 30 kg/m²) peuvent être dénutries. Les critères de dénutrition sont les mêmes que chez les personnes âgées non en situation d’obésité, à l’exception de l’IMC.

  6. 06

    La surveillance nutritionnelle du patient âgé doit être effectuée 1 fois par mois à domicile et à chaque consultation. Elle repose sur la mesure du poids, le calcul de l’IMC, l’évaluation de l’appétit, l’évaluation de la consommation alimentaire, la force musculaire.

  7. 07

    Il est important de prendre en charge la dénutrition du sujet âgé car les données épidémiologiques montrent une surmortalité en dessous de 22 d’IMC dans cette population. La dénutrition entraîne aussi une augmentation de la morbidité, quelles que soient les pathologies sous-jacentes (défaillances chroniques d’organes, troubles cognitifs, cancers, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2…). En particulier, elle accroît le risque de chutes, de fractures, d’hospitalisation, d’infections nosocomiales et de dépendance.

  8. 08
    Point formation n°8

    Des situations peuvent augmenter les risques : isolement social, deuil, difficultés financières, entrée en institution… On recherchera aussi la prise de traitements au long cours (polymédication, médicaments entraînant une sécheresse de la bouche), une dysgueusie, des troubles digestifs, une anorexie, une somnolence, etc., des troubles buccodentaires ou de la déglutition, des régimes restrictifs, la présence d’un syndrome démentiel ou autre trouble neurologique ou psychiatrique, une dépendance pour les actes de la vie quotidienne.

  9. 09

    La prise en charge nutritionnelle doit être adaptée au degré de sévérité de la dénutrition. Elle doit être la plus précoce possible. L’objectif chez la personne âgée est d’obtenir des apports énergétiques de 30 à 40 kcal/kg/j, et des apports protéiques de 1,2 à 1,5 g/kg/j. L’alimentation par voie orale est recommandée en première intention, sauf contre-indication. La voie entérale sera envisagée en cas d’impossibilité ou d’insuffisance de la nutrition orale.

  10. 10

    La stratégie nutritionnelle repose sur l’augmentation de la fréquence des prises alimentaires dans la journée. On privilégiera des produits riches en énergie et/ou en protéines et adaptés aux goûts du patient. L’environnement des repas est important et doit être agréable. L’alimentation traditionnelle sera enrichie avec différents produits de base (poudre de lait, lait concentré entier, fromage râpé, oeufs, crème fraîche, beurre fondu, huile ou poudres de protéines industrielles, pâtes ou semoule enrichies en protéines…). Des compléments nutritionnels oraux, hyperénergétiques et/ou hyperprotidiques, peuvent aussi être utilisés. L’objectif est d’atteindre un apport alimentaire supplémentaire de 400 kcal/j et/ou de 30 g/j de protéines (le plus souvent avec 2 unités/j).