FMC : 10 points clésHyperthyroïdie : les signes cutanés

Même si la fausse exophtalmie est la manifestation clinique la plus connue, les autres méritent d’être soulignées pour qu’une prise en charge puisse être rapidement effective.

Dr Pierre Francès, Dr Thibaut Mosset
  1. 01
    Point formation n°1

    La prévalence de l’hyperthyroïdie est comprise entre 1 et 2 %, et les formes infracliniques sont observées dans une fourchette de 1 à 4 % de la population (6 % chez les plus de 60 ans). Il existe une prédominance féminine de cette entité (8 fois plus que les hommes).
    De nombreuses causes sont à l’origine de l’hyperthyroïdie : maladie de Basedow (60 % des cas), nodule toxique, goitre multinodulaire, origine iatrogène (amiodarone surtout), thyroïdite virale (de De Quervain) lymphocytaire ou du post-partum.

  2. 02

    Des manifestations en relation avec une thyrotoxicose (sécrétion hormonale importante) sont fréquentes. Il s’agit d’une moiteur de la peau (elle est souvent soyeuse) secondaire à une augmentation du flux sanguin au niveau de la peau, mais aussi des bouffées de chaleur. Un flush de la face, et un érythème palmaire sont objectivés. Une hyperhidrose palmoplantaire est aussi fréquente. Cette manifestation est à mettre en relation avec une sécrétion accrue au niveau des glandes sébacées, due à une réactivité sympathique exacerbée.

  3. 03

    Le myxoedème prétibial, ou dermatopathie thyroïdienne, est pathognomonique de cette affection. Il signe une maladie de Basedow évoluée. On l’observe dans 1 à 5 % des cas, le plus souvent chez la femme (4 fois plus). Une fausse exophtalmie est associée dans 25 % des cas. Cliniquement, il s’agit de placards maculonodulaires de couleur brun-jaune parfois rose, et bien limité. Ils donnent un aspect infiltré de la peau (comme une peau d’orange). Cette manifestation est observée le plus souvent dans la région antérolatérale des jambes et des pieds. S’y associent une hypertrichose et une hyperhidrose, ainsi que des douleurs et un prurit de la zone touchée.

  4. 04

    Les cheveux sont fins et soyeux. Une alopécie est observée dans 20 à 40 % des cas. Elle est diffuse et n’est pas cicatricielle.

  5. 05

    On remarque un aspect brillant des ongles ainsi qu’une fragilité induisant un dédoublement (onychorrhexie si longitudinal, et onychoschizie à l’extrémité). On observe également une croissance plus rapide, avec un aspect incurvé de la partie distale de l’ongle (koïlonychie) donnant l’aspect d’ongles de Plummer, mais aussi une onycholyse distale. Ces dystrophies unguéales sont assez peu observées (5 % des cas), et on les objective le plus souvent aux deux derniers doigts de la main.

  6. 06

    Des anomalies pigmentaires sur le visage sont mises en évidence dans 2 % des cas. Il s’agit d’une hyperpigmentation, qui peut également concerner les gencives et la muqueuse buccale. Ce phénomène est à mettre en relation avec une sécrétion accrue d’hormone corticotrope.

  7. 07

    Une ophtalmopathie est observée le plus souvent chez les patientes de 20 à 50 ans ayant une maladie de Basedow. Elle se caractérise par une xérophtalmie, un épiphora, des troubles visuels (diplopie, réduction de l’acuité visuelle), une sensation de corps étranger. Sur le plan clinique, on met en évidence une fausse exophtalmie, qui entraîne un oedème rétro-orbitaire et une rétraction palpébrale (paupière supérieure). Le signe de Jellinek (hyperpigmentation palpébrale) est parfois associé. Ces anomalies ophtalmologiques sont secondaires à des dépôts de mucopolysaccharides.

  8. 08
    Point formation n°8

    Une association entre vitiligo et thyroïdite auto-immune (Hashimoto ou Basedow) est classiquement décrite. Cette association est plus fréquente pour les formes généralisées où les anticorps anti-TPO se révèlent positifs (4 à 21 % des cas).

  9. 09

    Un prurit, un dermographisme, une urticaire, un purpura, un xanthélasma et un dermographisme peuvent être associés à une hyperthyroïdie. Mais ces manifestations sont rares.

  10. 10

    L’acropathie thyroïdienne est aussi une manifestation cutanée rare (1 % des cas). Elle se caractérise par un hippocratisme digital (doigts et orteils), une fibrose des tissus sous-cutanés profonds, et un développement périosté diaphysaire excessif prédominant au niveau distal. Le plus souvent, ces anomalies sont observées aux 4e et 5e doigts de la main, et des premiers métatarses du pied. Cette acropathie occasionne des douleurs localisées. Les radiographies effectuées permettent de mettre en évidence une réaction périostée lamellaire parallèle à la diaphyse.

Références :

- Proust-Lemoine E, Wémeau JL. Item 240 - Hyperthyroïdie. Rev Prat 2020;70(2);e47-55.
- Quatresooz P, et al. Manifestations cutanées des pathologies endocriniennes. Revue Médicale de Liège 2006;61(2):104-8.
- Bessis D. Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Éd. Springer 2012.
- Le Coz CJ. Signes cutanés des pathologies endocriniennes. Médecine clinique endocrinologie & diabète 2010;44:4-8.

Le Dr Pierre Frances et le Dr Thibaut Mosset déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données de cet article.