Jamie Cudmore aurait été contraint par Clermont à rejouer après avoir subi une commotion à deux reprises en 2015. Souffrant de vertiges et de migraines, il a dû s’arrêter plus de trois mois. Les instances sportives s'inquiètent de l'affrontement et de l'agressivité qui s'est installée dans ce sport.
Sacré champion de France, Clermont va devoir batailler sur le terrain de la justice. Le club auvergnat est attaqué par l'un de ses anciens joueurs, le 2ème ligne Jamie Cudmore. Selon les informations du Parisien.fr, le cabinet d'avocats Portejoie, qui défend les intérêts de ce rugbyman de 38 ans, tout juste retraité, a assigné, mardi 6 juin, l'ASM devant le tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand. Jamie Cudmore reproche à son ancien club de l'avoir contraint à continuer à jouer alors qu'il venait d'être victime, selon lui, d'une commotion cérébrale, à deux reprises lors de la saison 2014-2015. Ce que l'ASM dément. Sans précédent en France, cette action en justice met en lumière la problématique des chocs au rugby et de leurs conséquences potentielles sur l'intégrité physique des joueurs. "Nous avons attendu que la finale du Top 14 ait lieu avant de lancer cette procédure, qui n'est pas accusatoire mais destinée à déterminer si Cudmore a été exposé à des risques pour sa santé", précise le cabinet Portejoie. Le premier match visé est celui de la demi-finale de Champions Cup entre l'ASM et les Saracens, le 18 avril 2015. Cudmore est victime d'un choc tête contre tête. Il sort du terrain et est soumis au premier test du "protocole commotion", où un médecin le questionne. "Je n'avais pas la moindre chance (Ndlr : de passer le test avec succès). Le doc m'a dit Vous en avez terminé [...]. Puis le médecin du club m'a dit Peux-tu revenir ? Tu dois revenir", confiera Cudmore à la presse anglaise, propos repris dans l'assignation. Compétiteur né, il reprend le jeu. Lors de la finale contre Toulon, le 2 mai 2015, un nouveau choc tête contre tête oblige Cudmore à quitter pour la seconde fois ses partenaires au cours du match. "J'ai vomi dans les vestiaires", relatera-t-il. Malgré cet état, il est retourné sur le terrain. Ces deux chocs ne restent pas sans conséquences. Le 2e ligne entend "un son en permanence", a l'impression d'avoir la "tête dans le coton", souffre de céphalées, de vertiges... Il doit s'arrêter plus de trois mois. "Le neurologue, consulté par notre client le 26 juin 2015, a identifié ces deux commotions", indique le cabinet Portejoie. Leur assignation sollicite donc une expertise médicale judiciaire. Contacté mardi, l'avocat de Clermont, Me Charles Fribourg indique que Jamie Cudmore a subi, lors des deux matchs incriminés, le premier test (baptisé HIA 1) du protocole "commotion cérébrale (…) Ils se sont révélés négatifs, le joueur était apte à reprendre le jeu", soutient M e Fribourg, rappelant que le club est en pointe sur ce sujet. "Aujourd'hui, on est dans une situation de destruction massive. Il faut réunir tout le monde autour d'une table, les joueurs, les entraîneurs, les présidents, les médecins"… Les mots sont de Bernard Dusfour, le président de la commission médicale de la Ligue, spécialiste en traumatologie du sport. Les commotions cérébrales ne cessent d'augmenter. En Top 14 notamment, et malgré les mesures strictes mises en place, les protocoles et les examens passés dès la moindre suspicion, le phénomène commence à faire peur. "Le rugby est entièrement tourné vers l'affrontement et l'agressivité, ajoute le docteur Dusfour. Cela ne peut pas continuer, c'est trop dangereux, pour les jeunes aussi, qui reproduisent ce que font les pros". Bernard Laporte, le président de la Fédération française, tient le même discours : "Je crois que c'est un problème de jeu. On n'est que dans l'affrontement parce que c'est facile. Contourner les défenses, jouer, c'est plus compliqué. Si on dit qu'il faut travailler la formation, ce n'est pas pour rien." [Avec Leparisien.fr]
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