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Corentin Lacroix. Crédit : DR

"Le but serait que mes vidéos soient prescrites" : le travail d'un médecin généraliste vulgarisateur reconnu par l'Assurance maladie

À la fois médecin généraliste à Vertou (Loire-Atlantique) et vulgarisateur sur internet, le Dr Corentin Lacroix, ou plutôt WhyDoc sur les réseaux, décrypte depuis près de huit ans des sujets de santé, comme le diabète, la dépression ou encore l’asthme. À 34 ans, ce jeune médecin a obtenu six récompenses pour son travail, dont une de l’Académie de médecine. Depuis trois ans, le généraliste se bat corps et âme pour faire intégrer son site WhyDoc sur la plateforme Mon espace santé. Un défi relevé depuis le 17 avril dernier.

22/05/2024 Par Mathilde Gendron
Insolite
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Corentin Lacroix. Crédit : DR

C’est un véritable "parcours du combattant" qu’a surmonté le Dr Corentin Lacroix, médecin généraliste à Vertou (Loire-Atlantique) et vulgarisateur sur les réseaux. Il lui a fallu trois ans pour que son site internet baptisé WhyDoc soit intégré à la plateforme Mon espace santé. Depuis 2016, il propose sur son site, des vidéos dans lesquelles il décrypte des sujets de santé, tels que le chalazion, la mort subite du nourrisson ou encore l’allaitement. Mais pour que la plateforme lui fasse confiance et partage son contenu, il a dû se confronter à une lourde procédure de sélection. Face à sa candidature, de nombreuses "institutions" et "start-up" tentent de gagner leur place sur le site du carnet de santé en ligne. "Moi, je suis un quidam qui fait des vidéos dans son coin", admet-il, précisant qu’il est "le seul vulgarisateur à participer".

Au moment de remplir le formulaire, le médecin de 34 ans s’arrache les cheveux. S’il parvient à "donner des gages de validités scientifiques", en expliquant les sources qu’il reprend pour faire ses vidéos, le praticien a plus de mal à répondre aux questions de sécurité informatique, comme par exemple : "Où sont stockées vos données de santé ?" Mais à travers son site internet, le généraliste n’en "récupère quasiment pas". "Avec moi, ils ont découvert qu’ils avaient fait un protocole de sélection très strict, avec 70 questions environ, qui ne s’appliquait pas du tout à moi, regrette-t-il. Je n’étais pas là pour vendre quelque chose, j’étais là pour donner de l’information." Ce n’est que deux ans après le début de la procédure que les membres de Mon espace santé décident de simplifier le questionnaire et de l’adapter aux profils plus atypiques comme celui du Dr Lacroix. Le 17 avril dernier, WhyDoc valide officiellement sa candidature et prend place sur le catalogue de services de la plateforme.

"Gagner en visibilité"

Si le généraliste a tenu à participer à ce défi malgré les obstacles, c’est pour "gagner en visibilité et pour valoriser [ses] vidéos", explique-t-il. Avec ses "1500 à 2000 visiteurs par jour" sur son site, le médecin n’a pas encore constaté d’augmentation du trafic depuis le mois dernier. En effet, si les Français commencent à connaître et à activer leur compte Mon espace santé, le catalogue de services dans lequel on peut dorénavant retrouver WhyDoc "n’est pas encore très connu". "À mon avis, ça va se développer plus tard", espère-t-il, confiant.

Ce défi lui permet aussi d’acquérir plus de légitimité "auprès des institutions et de ses confrères", car il devient le premier site de vulgarisation référencé par la plateforme. Même si le médecin a déjà reçu six récompenses pour son travail, notamment le prix Albert Sézary, remis par l’Académie nationale de médecine, "c’est une nouvelle récompense en gage de qualité", estime-t-il. Maintenant, "le but serait que mes vidéos soient prescrites par les médecins" aux patients. Il explique que lorsqu’un médecin procède à l’examen du 4e mois sur un bébé, il peut manquer de temps, parce qu'"il y a plein de choses à expliquer". "Le médecin peut dire : ‘je vous donne deux-trois informations, mais sinon regardez cette vidéo de mon collègue, ça pourra vous être utile." En plus d’aider le patient qui se retrouve avec une information "fiable et sympa à regarder", les vidéos peuvent rassurer les médecins qui ont la possibilité de "les prescrire à leurs patients en toute sécurité", confie le généraliste.

"Je ne fais jamais une vidéo que je n’ai pas envie de faire"

S’il fait maintenant partie du catalogue de services, le Dr Lacroix précise que Mon espace santé ne lui verse en retour aucun centime. "Ils me relaient seulement et de mon côté, je ne paie pas non plus pour être relayé." Les seules subventions qu’il touche proviennent de certaines de ses vidéos qui sont financées par l’Assurance maladie ou encore par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Cette indépendance lui permet également de garder une grande liberté dans le choix des sujets qu’il veut traiter. "Je ne fais jamais une vidéo que je n’ai pas envie de faire", assure-t-il. Lors d’un récent échange avec la Sécurité sociale, l’organisme lui a soumis plusieurs propositions : addictions, santé mentale et vie sexuelle. WhyDoc a ainsi pu choisir un sujet parmi la thématique qui l’attirait le plus. "Je leur ai proposé une vidéo sur le protoxyde d’azote, dévoile-t-il, tout en précisant qu’il lui arrive également de soumettre ses idées de sujets à lui. Il faut juste que ça coïncide avec les priorités de santé, mais j’arrive toujours à trouver des sujets."

Cette vidéo sur le protoxyde d’azote n’est, pour l’heure, pas publiée. Le médecin reconnaît, en effet, que faire une vidéo n’est pas si simple. "Quand j’en fais une par mois, je suis content, parce que je les travaille à fond", estime-t-il. Il doit à la fois produire une vidéo qui soit "originale", et qui "ne puisse pas être contestée" parce que "toutes les informations ont été vérifiées". Sur chacune de ses vidéos, il s’attache à noter sa bibliographie, qui peut aller de 5 jusqu’à 30 ou 40 articles, avec notamment des thèses ou des articles universitaires. "À chaque fois que je dis quelque chose, c’est validé."

Aujourd’hui, il assure aimer toujours autant la vulgarisation. "C’est hyper sympa de comprendre, même de reprendre les bases sur certains sujets qu’on pense connaître et en fait pas tellement. C’est utile pour moi et aussi pour les autres."

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