Hommes obèses : le traitement substitutif par testostérone n’a pas grand intérêt

17/01/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
L’obésité, particulièrement l’obésité centrale, est un facteur de risque indépendant de mortalité et de pathologie cardiovasculaire. On note une relation inverse entre le tour de taille et la testostéronémie chez les obèses. Le mécanisme pathogénique n’est pas bien connu mais il semble que ce soit essentiellement en relation avec une baisse de concentration de la protéine porteuse, la SHGB, mais peut-être aussi d’une inhibition de l’axe gonadique par les adipokines ou des médiateurs pro-inflammatoires provenant du tissu adipeux.

Cela a amené, bien sûr, à proposer un traitement par la testostérone chez certains hommes obèses, ce d’autant que le traitement par la testostérone augmente la masse maigre et régule le métabolisme. Cependant, les bénéfices du traitement substitutif par la testostérone chez les hommes obèses sont discutés, ce qui a amené une équipe brésilienne à faire une revue systématique avec méta-analyse de toutes les études ayant porté sur l’effet de la testostérone en traitement substitutif chez les hommes ayant une obésité et une concentration basse de testostérone. Un total de 16 essais randomisés contrôlés ont été inclus. Avec une certitude modérée des preuves, aucune différence n’a été trouvée entre le traitement par testostérone et le placebo pour ce qui concernait les effets secondaires. Le traitement substitutif par la testostérone a entraîné une prise de 2 kg de masse maigre et a amélioré de manière faible le LDL cholestérol, sans effet sur la pression artérielle. Du fait d’une imprécision ou d’une hétérogénéité des études, les effets sur les événements cardiovasculaires (risque relatif = 0.52 mais IC 95 % = 0.26 à 1.05 dans 7 études et 583 participants), les effets sur le HDL cholestérol, l’hématocrite, le PSA, l’HbA1c et la qualité de vie ne sont pas clairs. Le traitement substitutif par la testostérone est efficace sur le tour de taille et l’IMC, toutefois il existe une hétérogénéité importante entre les études avec des intervalles de prédiction de 95 % qui englobent la ligne d’effet nul. La méta-régression montre que l’âge moyen des participants était un facteur influençant significativement les deux données que sont le tour de taille et l’IMC. En conclusion, le traitement substitutif par la testostérone améliore de manière faible la masse grasse et le LDL cholestérol chez les hommes ayant une obésité et une testostérone totale basse mais ne modifie pas la pression artérielle ; les effets sur les événements cardiovasculaires, l’HbA1c et la qualité de vie ne sont pas clairs. L’âge moyen des participants modifie de manière significative les effets du traitement substitutif sur la perte de poids.

Vignette
Vignette

Médecins, faut-il signer l'accord conventionnel proposé par la Cnam?

Thierry Lemoine

Thierry Lemoine

Oui

Il ne faut pas rêver: la très grande majorité des médecins secteur 1 ne se déconventionnera pas ( pour les secteurs 2, la questio... Lire plus

0 commentaire





La sélection de la rédaction

Podcast Vie de famille
Jumelles et médecins généralistes : "L'idée, c'était d'avancer ensemble"
15/04/2024
0
Rémunération
"Les pouvoirs publics n'ont plus le choix" : les centres de santé inquiets de l'avenir de leur modèle...
07/05/2024
1
Infirmières
Les infirmières Asalée sauvées?
16/04/2024
1
Pneumologie
Asthme de l’enfant avant 3 ans : une entité particulière
19/04/2024
0
Neurologie
Syndrome de Guillain-Barré : une urgence diagnostique et thérapeutique
04/04/2024
0
Santé publique
Ce qui se cache derrière la hausse inquiétante de l'infertilité
13/03/2024
17