Cancer du sein : mieux prévenir les récidives

30/09/2022 Par Marielle Ammouche
Cancérologie
Registres épidémiologiques, intelligence artificielle, recherche fondamentale et thérapeutique, signatures génomiques…, de nombreuses recherches sont en cours à l’Institut Curie pour mieux comprendre et tenter de contrer la récidive cancéreuse.

On considère que 15 à 20% des cancers du sein récidivent à 10 ans. Et au total, cela aboutit à 20 000 femmes qui rechutent encore chaque année d’un cancer du sein. « Tous types de cancers confondus, on observe un pic de récidive locale ou d’apparition de métastases deux ans après les traitements » précise le Dr Paul Cottu (Institut Curie), lors d’une conférence de presse de l’Institut Curie sur ce sujet, à l’occasion d’Octobre rose. Les cancers triple négatif sont les plus à risque, avec approximativement 20 à 30 % de rechute.   Identification des cancers les plus à risque
  On tente actuellement de mieux comprendre les origines de cette récidive, qui peut être locale ou métastatique. Un registre a été mis en place depuis 2008, qui recense – entre autres- les cancers du sein métastatiques. Il a permis de montrer, en particulier, que les cancers du sein métastatiques récurrents sont associés à un risque de décès 1,5 à 2 fois supérieur par rapport aux métastatiques de novo, et que les triple négatif sont ceux qui récidivent le plus à distance, et le plus rapidement. Sur le plan moléculaire, certains mécanismes ont été identifiés. Ainsi, on a découvert que les récidives, locales ou métastatiques, proviennent de cellules dites quiescentes. L’objectif est maintenant, pour les chercheurs, de mieux connaitre et de pouvoir les détecter avant leur « réveil ». « Le risque de récidive et la sévérité de celle-ci dépend bien sûr aussi de la taille de la tumeur initiale, de l’atteinte des ganglions, des traitements… Mieux on est traité initialement, moins on a de risque de récidive », ajoute le Dr Cottu. L’intelligence artificielle est porteuse d’espoir: « grâce à la pathologie numérique – qui associe numérisation des coupes très fines issues des prélèvements de tumeurs du sein et outils d’intelligence artificielle - nos diagnostics seront de plus en plus précis et les décisions thérapeutiques toujours plus pertinentes pour les femmes, en particulier pour celles qui sont le plus à risque de rechute » affirme ainsi Dr Anne Vincent-Salomon, pathologiste à l’Institut Curie. Les stratégies de traitements sont variables et dépendent de nombreux paramètres : biopsie, récepteurs, mais aussi, âge, poids, taille de la tumeur, apparence des cellules cancéreuses, atteinte des ganglions lymphatiques, signes inflammatoires… Et pour tenter d’éviter la rechute, outre les médicaments, des mesures hygiéno-diététiques ont prouvé leur efficacité. Il est ainsi nécessaire d’éliminer les facteurs de risques comme le tabac, l’alcool, le surpoids. L'activité physique adaptée est désormais considérée comme un traitement à part entière : elle réduit de 24% le risque de rechute dans le cancer du sein.   Plusieurs essais cliniques prometteurs
  Parmi les projets en cours à l’Institut Curie, pour lutter contre la récidive du cancer du sein, l’essai Pada-1 est un essai de vaste ampleur, impliquant 83 centres en France et plus de 1000 patientes, coordonné par le Pr François-Clément Bidard. Il a démontré que l’évolution négative d’un cancer du sein hormonotraité peut être freinée efficacement « en détectant une mutation de résistance à l'hormonothérapie (gène ESR1) et en la ciblant par un changement de traitement », explique l’Institut Curie. « Les travaux se poursuivent désormais, notamment pour essayer de prédire quelles patientes pourraient développer de telles mutations du gène ESR1 ». Un autre projet « révolutionnaire », Cassiopeia, mené à l’Institut Curie, porte sur les fibroblastes, dont on connait l’implication dans la propagation métastatique et les résistances aux traitements. « La force de ce projet, c’est de détecter et cibler très spécifiquement les fibroblastes responsables des rechutes », explique la Dre Fatima Mechta-Grigoriou (Inserm / Institut Curie), coordinatrice du projet. Cela se fera grâce à un radiotraceur jamais encore utilisé en France, le Fibroblast Activation Protein Inhibitor (Fapi), qui sera comparé à l’ADN tumoral circulant. Puis un volet thérapeutique suivra. Enfin, d’autres projets de recherche fondamentale sont en cours, qui ont trait à l’utilisation du PET-scan pour mieux prédire l’envahissement tumoral ; à l’immunité pour augmenter l’efficacité de l’immunothérapie ; l’épigénétique pour explorer de nouvelles stratégies thérapeutiques ; ou encore au fer pour son rôle dans la résistance aux traitements. L’institut Curie a par ailleurs annoncé son projet de création d’une structure dédiée pour lutter contre les cancers féminins, en partenariat avec l’Université Paris Sciences et Lettres (PSL). Ce projet sera soumis pour financement à l’Appel à projets pour créer de nouveaux IHU (Instituts Hospitalo-Universitaires) prévu dans le Plan France 2030 et se clôturant le 7 novembre 2022.

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