Hyperthyroïdie induite par l’amiodarone : un traitement médicamenteux adapté au type étiologique réduit les événements cardiovasculaires et les hospitalisations

05/06/2023 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les patients qui ont une hyperthyroïdie induite par l’amiodarone (HIA) sont exposés à des complications, en particulier en cas de maladie cardiaque sous-jacente. Leur prise en charge est donc complexe, d’abord d’un point de vue diagnostique et ensuite d’un point de vue thérapeutique.

  On distingue deux types d’HIA : d’une part l’HIA de type 1 au cours de laquelle la surcharge en iode apportée par l’amiodarone aggrave une hyperthyroïdie par autonomie thyroïdienne sous-jacente et la démasque, et l’HIA de type 2 au cours de laquelle l’hyperthyroïdie est la conséquence d’une libération d’hormones thyroïdiennes déjà présentes dans la thyroïde, à l’occasion de la destruction de la thyroïde par une thyroïdite. Il y a bien sûr des formes intermédiaires. Si l’on donne généralement des antithyroïdiens de synthèse pour les HIA de type 1, c’est plutôt un traitement par les corticoïdes qui est le traitement des HIA de type 2. Dans une étude de cohorte prospective historique, mono-centrique, menée à Pise, les données de 313 patients ayant une HIA ont été analysées au diagnostic et au cours du suivi, en particulier en termes d’événements cardiovasculaires et d’hospitalisation. Les traitements considérés comme appropriés étaient la corticothérapie dans les HIA de type 2 et les antithyroïdiens de synthèse dans les HIA de type 1. Seuls 34.5 % des patients ont reçu le traitement approprié à leur type d’HIA. Dans 28.1 % des cas, ce traitement était optimal, c’est-à-dire qu’il était donné seul sous forme de corticoïdes en cas de type 2 et d’antithyroïdiens de synthèse en cas de type 1 et dans 6.4 % lorsqu’il était donné en association. Les 2/3 des patients restant (65.5 %) ont reçu des traitements inappropriés compte tenu du type de leur HIA. Les événements cardiovasculaires étaient plus fréquents chez les patients qui ont reçu un traitement inapproprié (33.2 %) en comparaison de ceux qui ont reçu un traitement approprié (4.5 %). Il en était de même pour les hospitalisations (24.9 % vs 6.5 % ; p < 0.0001). Les traitements, lorsqu’ils étaient appropriés, réduisaient les concentrations d’hormones thyroïdiennes à l’inverse des traitements inappropriés et cela de manière significative. La durée de l’exposition à la thyrotoxicose était supérieure chez les patients qui recevaient un traitement inapproprié et constituait un facteur de risque pour la survenue d’arythmies (hazard ratio = 1.004 ; p = 0.0008). Il en était de même pour les événements cardiovasculaires majeurs (HR = 1.004 ; p = 0.02) et les hospitalisations (HR = 1.006 ; p < 0.0001). En conclusion, il est important de faire correctement le diagnostic du type d’hyperthyroïdie induite par l’amiodarone car le traitement médical approprié dépendra de ce diagnostic initial et influencera le temps d’exposition à l’hyperthyroïdie et la survenue éventuelle d’événements cardiovasculaires et d’hospitalisations.

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