Insuffisance rénale chronique : les statines insuffisamment prescrites
Aux Etats-Unis, une recommandation (The Kidney Disease Improving Global Outcomes [KDIGO] Lipid Work Group) préconise un traitement par statine pour tous les insuffisants rénaux chroniques (IRC) de plus de 50 ans. Le fondement de cette recommandation est qu’une IRC accroît le risque de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse. Le collège américain de cardiologie (ACC) et l’Association américaine du cœur (AHA) émettent une recommandation moins précise vis-à-vis du statut rénal, considérant qu’une statine est indiquée en cas de maladie cardiovasculaire avérée d’origine athéromateuse, chez les adultes ayant un LDC-cholestérol ≥ 190 mg/dl, chez les adultes de 40 à 79 ans ayant à la fois un LDL-cholestérol ≥ 70 mg/dl et un diabète, chez les adultes ayant une prédiction de risque de maladie athéromateuse cardiovasculaire à 10 ans ≥ 7.5%. Pour voir si ces recommandations thérapeutiques étaient convenablement appliquées, une étude épidémiologique a été menée par Colantonio et coll (Université de Birmingham, Alabama, USA), les résultats venant d’être mis en ligne sur le site du Journal of the American Society of Nephrology (JASN). Au total, ce sont 4.726 patients en IRC et âgés de 50 à 79 ans qui ont été inclus ; 50% recevaient une statine, 35.% avaient un antécédent de maladie cardiovasculaire, 39.9% étaient diabétiques, 3.2% avaient un LDL-cholestérol ≥ 190, 19.8% avaient un risque prédictif de maladie cardiovasculaire à 10 ans ≥ 7.5%. Au final, seulement 8% des patients ne répondaient pas aux critères de l’ACC et de l’AHA pour une mise sous traitement par statine. Mais seulement 1 patient sur 2 était sous statine. Autrement dit, 42% des patients éligibles à un traitement par statine ne recevaient pas un tel traitement. Ces résultats montrent aussi que les recommandations précitées, bien que différentes dans leur formulation, aboutissent en fin de compte à un résultat assez similaire, un traitement par statine étant recommandé pour soit 92%, soit 100% des patients de plus de 50 ans en IRC.
