argent santé

Secteur 2 pour les médecins d'Ile-de-France : la proposition d'un député pour lutter contre le "premier désert médical" du pays

Le député LR Jean-Louis Thiériot a déposé une proposition de loi afin d'expérimenter durant trois ans l'ouverture du secteur 2 à tous les médecins libéraux d'Ile-de-France – sans conditions. 

17/04/2024 Par Louise Claereboudt
Déserts médicaux
argent santé

"Le pire est devant nous", écrit le député Les Républicains Jean-Louis Thiériot en préambule de sa proposition de loi "visant à lutter contre la désertification médicale en autorisant à titre expérimental l’ouverture du secteur 2 aux médecins s’installant ou exerçant dans les zones déficitaires d’Île-de-France". Alors que 97% du territoire francilien – "premier désert médical de France" - est déjà "classé déficitaire", l'accès aux soins devrait encore se dégrader dans la région, alerte-t-il. "46% des médecins libéraux franciliens ont plus de 60 ans et prévoient d’arrêter leurs activités dans les 2 à 5 ans, ce qui causera un déficit de 9 600 médecins supplémentaires, dont 4 000 médecins généralistes d’ici 2028 en Île-de-France sur les 21 000 actuellement en exercice."

"Il y a urgence à prendre des mesures concrètes qui produisent un effet aussi rapide que pérenne", juge le député de Seine-et-Marne, un département qui ne compte que "6 généralistes pour 10 000 habitants". Regrettant que de nombreux jeunes diplômés de médecine générale en Ile-de-France "retardent leur installation" face "au manque de visibilité et d'attractivité de la carrière libérale", le député appelle à mettre en place une véritable "politique de l'offre". Dans ce territoire où les loyers, souvent très onéreux, peuvent décourager, il est indispensable selon lui de "procurer [aux médecins] un avantage financier durable qui dépasse le seul moment de leur installation et leur permette de se projeter dans une carrière professionnelle épanouissante".

 

"Stopper l'hémorragie"

C'est pourquoi Jean-Louis Thiériot propose, via une expérimentation de trois années, d’ouvrir la possibilité d’accéder au secteur 2 aux médecins franciliens qui s’installent ou exercent en libéral en zone déficitaire. Avec l'idée de généraliser la mesure au territoire national par la suite. Il s'agit d'"une mesure concrète qui permet de stopper à brève échéance l’hémorragie de généralistes et de spécialistes dans les déserts médicaux", et d'éviter ainsi les pertes de chance, défend l'élu. Ce dernier assure, en outre, qu'elle n'entrainerait pas de de coût supplémentaire pour les finances de la Sécurité sociale. "Au contraire", le dispositif "vient même diminuer le montant des compensations de cotisations sociales prises en charge par l'Assurance maladie pour les médecins de secteur 1".

"En ouvrant le secteur 2 tout en garantissant une prise en charge partielle par l’Assurance maladie des cotisations pour la part des actes réalisés en secteur 1 (estimé à 40% du volume d’acte d’un médecin secteur 2), la charge pour les finances sociales est donc diminuée de 60% par an soit 7 132 euros par an et par médecin", évalue le député.  

La proposition de loi prévoit que les médecins qui entreront dans l'expérimentation puissent conserver leur droit acquis à exercer en secteur 2 à l'issue de celle-ci, "à condition qu’ils poursuivent leur activité dans une zone déficitaire sur le territoire national ou, en cas de modification par l’ARS du zonage du territoire initialement déficitaire sur lequel ils se sont installés, qu’ils y maintiennent leur activité"

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de Jacques BRIAND
2,7 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Si vous entendez quelqu'un annoncer de façon péremptoire que redonner l'accès au secteur 2 est une mauvaise idée, ne vous laissez pas influencer. Parfois, face à un problème il n'y a que des mauvaises solutions et il faut pourtant choisir.... Il nous faut choisir plusieurs "remèdes" face au déficit abyssal de la sécu couplé à une pénurie de médecin. L'accès libre au secteur 2 a des avantages et des inconvenients, mais sur la balance "benefices/risques", celle-ci penche rapidement en faveur du secteur 2. Madame Brigitte Dormond, titulaire de la chaire santé à Paris-Dauphine à avoué qu'il était impossible d'inclure les actes gratuits dans les statistiques d'économie de la santé... Il s'agit d'une variable impossible à quantifier, donc Madame Dormond a décidé de supprimer cette variable ! Énorme problème, sans cette variable les calculs économétrique sont faux ! Problème supplémentaire, la chaire de santé Dauphine est financée par des fonds privés et il faut éviter de mécontenter les donateurs (dont certains sont des assureurs ayant des parts dans les complémentaires de santé). Ce paragraphe est un peu éloigné du sujet du secteur 2, il est juste destiné à ne pas gober n'importe quel chiffre statistique. Revenons au secteur 2. Son déblocage attirerait à nouveau les jeunes vers l'exercice libéral et réglerait, dans de nombreux endroits, le problème du manque de médecin. Il ne coûterait rien à la sécurité sociale, au contraire il lui ferait faire des économies. Un médecin en secteur 2 peut moduler ses honoraires et peut donc faire un "tarif secteur 1" à quelqu'un qui a peu de moyen. Beaucoup de médecins pourraient diminuer leur nombre d'actes et avoir des consultations plus longues. Les actes chrono phages seraient enfin honorés à leur juste valeur. Bcp de patients respecteraient leur medecin. Dans les années 80 et 90, le secteur 2 fonctionnait très bien, avec peu d'abus. Si la sécu n'a pas les moyens de mettre la consultation à 50 euros, alors il faut débloquer le secteur 2 et peut-être faire quelques ajustements (certains avaient une consultation à 90 euros quand le C était à 23 euros...)
Photo de profil de DAVID DURAND
1,4 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
"Sympa" de penser aux franciliens mais il y a plein d'autres endroits en France où le foncier et le prix de la vie sont suffisamment chers pour y penser également. Comme le dit Frédéric Bizard, augmenter les revenus des médecins ne consiste pas qu'à mieux payer son praticien mais lui permet également d'investir dans son outil de travail afin d'offrir des conditions d'accueil décentes et des conditions de soins de qualité à ses patients.
Photo de profil de ELIZABETH CASTET
174 points
Incontournable
Gynécologie-obstétrique
il y a 2 ans
Je ne suis pas d’accord. Un secteur 2 à 50€ pour un généraliste, par exemple, empêchera les petits retraités d’aller chez le médecin. Il n’y aura peut-être plus de désert médical, mais les patients n’iront pas voir de médecins. Pour eux, pas de médecin ou un médecin secteur 2 ou 3, ce sera pareil…
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2