Polyarthrite rhumatoïde : le rôle majeur des Acpa

15/01/2015

Les anticorps dirigés contre les protéines citrullinées, ou Acpa, ont une forte valeur diagnostique et pronostique dans la polyarthrite rhumatoïde. La présence de facteur rhumatoïde et/ou d’anticorps dirigés contre les protéines citrullinées, ou Acpa (anciennement appelés anti-CCP), caractérisent les polyarthrites rhumatoïdes (PR) séropositives. Les Acpa, en raison de leur forte spécificité (95% dans la cohorte de PR débutante de Leiden), sont fortement corrélés au diagnostic de PR et ont été intégrés dans les nouveaux critères de classification ACR/Eular en 2010. Plus encore, ils sont "un marqueur précoce qui peut précéder l’apparition des signes cliniques de plusieurs années", souligne le Pr Alain Cantagrel (hôpital Purpan, Toulouse). A contrario, il est rare qu’ils apparaissent une fois les arthrites déclarées, car, rappelle ce rhumatologue, "seules 2,8% des PR de la cohorte Espoir passent d’un statut Acpa- à Acpa+ au cours des deux premières années de la maladie". Il est donc inutile de les rechercher de manière itérative. La présence de ces auto-anticorps lors du diagnostic est un argument pour traiter vite et fort. Les Acpa (quel que soit leur taux), surtout s’ils sont associés au facteur rhumatoïde, sont en effet un facteur de sévérité de l’atteinte articulaire (nombre et taille des érosions au cours de la PR). Ils constituent aussi un facteur de risque d’atteinte pulmonaire (respiratoire et interstitielle) indépendamment du tabac, qui est un autre facteur de sévérité de la PR. Une étude récente (Reynisdottir G, et al. Arthritis Rheum 2014) montre ainsi que des patients non fumeurs ayant une PR débutante avec Acpa+ présentent dans 45 % des cas des signes d’atteinte interstitielle (0 % en l’absence d’Acpa). Au plan thérapeutique, il est établi que la présence d’Acpa est un élément prédictif de meilleure réponse à un traitement par rituximab et abatacept mais non aux anti-TNF ou au tocilizumab.   D'autres pistes de recherche D’autres auto-anticorps pourraient à l’avenir être utilisés dans le diagnostic et le suivi de la PR. Comme les Acpa, ils reconnaissent des protéines du soi ayant subi des modifications posttraductionnelles, qu’il s’agisse d’une citrullination (Acpa), d’une carbamylation (ACarPA) ou d’une oxydation (anticorps anti-ROS-CII). Les anticorps anti-ROS-CII ont une faible spécificité (20 %) et sont surtout intéressants en raison de leur sensibilité aux traitements. Les ACarPA reconnaissent des peptides riches en homocitrulline et sont associés chez l’animal à une arthrite destructrice sévère. Moins fréquents (36% des PR établies), ils sont peu spécifiques et constituent surtout des marqueurs d’inflammation.  

L'arthrose est-elle une maladie mortelle ? Les patients ayant une arthrose rachidienne très sévère ont un risque de décès et de calcifications aortiques plus élevé. Plusieurs études suggèrent que la coxarthrose et la gonarthrose sont associées à un risque accru de maladies cardiovasculaires et de décès. En revanche, il existe peu de données en ce qui concerne la mortalité chez les hommes ayant une arthrose rachidienne. C. Estublier, et al. (Lyon) ont de ce fait entrepris d’étudier l’association entre la sévérité de l’arthrose dorsolombaire et la mortalité globale mais également l’association entre la sévérité de l’arthrose dorsolombaire et la gravité des calcifications de l’aorte abdominale ainsi que leur progression chez des hommes âgés. Pour préciser ce point, 766 hommes âgés de plus de 50 à 85 ans ont bénéficié de radiographies de profil du rachis dorsolombaire et ont été suivis pendant 7,5 ans pour les calcifications de l’aorte abdominale et pendant 10 ans pour la mortalité globale. L’arthrose dorsolombaire a été évaluée à six espaces intervertébraux à l’aide du score semi-quantitatif de Lane. Les calcifications de l’aorte abdominale ont été évaluées par le score semi-quantitatif de Kauppila. Pendant le suivi, 176 hommes sont morts (23 %). Après ajustement sur les facteurs confondants, dont les calcifications de l’aorte abdominale, le score global de sévérité de l’arthrose était corrélé à la mortalité globale. Les hommes ayant l’arthrose la plus sévère (tertile supérieur du score total de sévérité de l’arthrose) avaient une mortalité accrue (RR=1,47, par rapport aux deux autres tertiles combinés ; p<0,05). La sévérité des calcifications de l’aorte abdominale augmentait avec la sévérité du pincement discal ajusté pour les facteurs confondants (OR=1,44 par écart type ; IC à 95%: 1,11-1,87 ; p<0,05). La probabilité d’une stabilité à long terme des calcifications de l’aorte abdominale diminuait avec l’augmentation du score total d’ostéophytose. Au final, les hommes âgés, présentant d’importantes lésions dégénératives rachidiennes, ont des calcifications de l’aorte abdominale plus sévères, une progression plus importante de ces dernières ainsi qu’une mortalité globale accrue. 

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