Covid : implication d’un variant HLA dans les formes asymptomatiques

21/07/2023 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Une étude, qui vient d’être publiée dans le revue Nature, confirme l’impact de la génétique dans l’infection Covid. Ainsi, les chercheurs américains ont mis en évidence que les personnes porteuses d'un variant génétique particulier du système HLA ont deux fois plus de chance d’être asymptomatiques lorsqu'elles contractent Sars-CoV2, et même 8 fois plus, en cas de présence de cette mutation sur les 2 allèles. 

 

On estime qu’environ 20% des personnes infectées pendant la pandémie ne présentaient pas de symptômes. Pour tenter de comprendre ce phénomène, les scientifiques ont utilisé une base de données de donneurs volontaires de moelle osseuse aux États-Unis. Cette base comprenait tous les types d'antigène leucocytaire humain (HLA) des donneurs. Les chercheurs ont ensuite demandé à près de 30 000 personnes qui y étaient inscrites d'auto-déclarer leurs tests et symptômes Covid sur une application mobile.  

Plus de 1 400 personnes non vaccinées avaient ainsi été testées positives au Covid entre février 2020 et fin avril 2021, selon ces travaux. Et parmi elles, 136 n'ont présenté aucun symptôme du Covid au moins deux semaines avant et après avoir été testées positives. Les analyses ont alors montré qu’une de ces personnes asymptomatiques sur cinq était porteuse d'au moins une copie du variant HLA appelée HLA-B*15:01. 

Pour aller plus loin, et savoir pourquoi elles ne présentaient pas de symptômes, les auteurs ont mené des recherches distinctes sur leurs cellules T. Ils se sont alors aperçus que "la majorité des cellules T réactives présentaient un phénotype mémoire, étaient hautement polyfonctionnelles et réagissaient de manière croisée à un peptide dérivé de coronavirus saisonniers". En d’autres termes, leurs lymphocytes T étaient particulièrement prêts à répliquer car ils se souvenaient d'autres virus saisonniers qu'ils avaient précédemment repoussés. Une exposition récente à d'autres coronavirus (responsables de rhinite) pourrait donc entraîner moins de symptômes de Covid chez ces sujets. Une théorie qui a déjà été avancée pour expliquer pourquoi les enfants font généralement des formes peu graves.

Les chercheurs espèrent que cette étude pourra ouvrir sur de nouveaux traitements ou vaccins à l'avenir. Ils ont toutefois prévenu que la plupart des participants à l'étude étaient blancs, ce qui pourrait limiter ses résultats, et qu'elle couvrait seulement le début de la pandémie et n'incluait pas les réinfections.  

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4,1 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Cette étude est intéressante, on pouvait forcément se douter qu'une hétérogénéité de la sensibilité à la pathogénicité de ce vecteur de maladie respiratoire contagieuse le SARS-CoV-2 est médiée par différents déterminants dont certains sont liés à la génétique, à fortiori dans une syndémie où l'infection est majoritairement asymptomatique, cette découverte confirme qu'il était particulièrement stupide et inopportun de tenter de vacciner la population entière contre un pathogène avec lequel seuls certains individus sont susceptibles de développer des formes graves!...Souhaitons que cela nous serve de leçon pour les prochaines pathogènes contagieux émergents , mais c'est pas gagné !....
 
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