Pathologies thyroïdiennes : effets positifs du programme danois de fortification en iode

04/12/2019 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La carence iodée est un problème de santé publique bien connu qui touche 31 % de la population mondiale.

Au Danemark, il a été montré dans les années 90 que la population présentait une carence iodée principalement liée à un faible contenu en iode de l’eau du robinet. Dans certaines parties du pays, la carence iodée était plus fréquente que dans d’autres, les hyperthyroïdies étaient plus fréquentes dans la partie ouest du Danemark et, chez les femmes enceintes, la TSH avait tendance à augmenter en fin de grossesse. Un programme de fortification de l’iode avec iodation systématique du sel a été initié en juillet 1998, d’abord à un niveau de 8 µg/g (initialement il s’agissait d’un programme d’incitation) puis, comme cela était insuffisant, le programme a été modifié en faveur d’une iodation systématique du sel de 13 µg/g (sel de table et sel utilisé pour la panification), à partir de 2000. Les auteurs danois de cette étude ont donc, à partir des registres danois très complets sur la prise en charge des patients, analysé l’incidence des nouveaux cas d’hyperthyroïdie et d’hypothyroïdie patentes dans une cohorte du Jutland du Nord portant sur 309 434 sujets en janvier 1997 qui ont été suivis jusque dans les années 2014-2016. Tous les sujets ayant une notion d’hyperthyroïdie ont été évalués pour vérifier l’incidence de la dysfonction thyroïdienne patente et la classification dans un sous-type nosologique. Une enquête identique a été menée en 1997-2000 avant la fortification systématique du sel. Le taux d’incidence standardisé d’hyperthyroïdie patente a diminué, passant de 97.5 pour 100 000/an en 1997-2000 à 48.8 en 2014-2016, ce qui donne un rapport des taux d’incidence standardisée de 0.5 (IC 95 % = 0.45 -0.56). Ceci était lié à une diminution claire du taux d’incidence standardisée des goitres multinodulaires toxiques (rapport des taux d’incidence standardisée = 0.18 ; 0.15 – 0.23), des nodules toxiques uniques (rapport des taux d’incidence standardisée = 0.26 ; 0.16 – 0.43) et à un moindre degré des maladies de Basedow (rapport des taux d’incidence standardisée = 0.67 ; 0.56 – 0.79). Le taux d’incidence standardisée des hypothyroïdies patentes n’était pas modifié en 2014-2016 par rapport à 1997-2000 (rapport des taux d’incidence standardisée = 1.03 ; 0.87 – 1.22). Toutefois, la distribution de l’âge a changé avec plus de patients jeunes et moins de patients âgés ayant une hypothyroïdie patente. En conclusion, la fortification obligatoire en iode de l’alimentation sous forme d’ajout d’iode dans le sel de table et dans le sel destiné à la panification a permis une réduction importante des taux d’incidence de l’hyperthyroïdie patente, particulièrement en cas d’hyperthyroïdie nodulaire, tout en évitant une augmentation des taux d’incidence d’hypothyroïdie patente.

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