Diabète gestationnel : comparaison du glibenclamide et de l’insuline

17/05/2018 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
Le diabète gestationnel, c’est-à-dire la découverte d’un diabète au cours d’une grossesse chez une patiente ne se sachant pas diabétique, est fréquent et les recommandations prônent l’utilisation de l’insuline lorsque le régime ne permet pas d’obtenir une glycémie satisfaisante.

Le glibenclamide, qui n’a pas d’effet tératogène, a été proposé dans certaines études du fait de son efficacité et de sa facilité d’utilisation en comparaison des injections sous cutanées d’insuline, en particulier chez certaines patientes difficiles à suivre ou à éduquer. Certaines méta-analyses ou des études récentes se sont interrogées sur l’utilisation du glibenclamide en comparaison de l’insuline du fait d’une augmentation de la morbidité néonatale. Cependant, le critère d’évaluation principal de ces études était le contrôle glycémique maternel et comme elles n’avaient pas été dessinées pour analyser les complications néonatales, il n’était pas possible d’en tirer de conclusions définitives sur cet item. C’est ce qui a poussé le Professeur Marie-Victoire Sénat à monter en France un essai randomisé, multicentrique visant à comparer l’utilisation de glibenclamide oral ou d’insuline sous-cutanée dans la prévention des complications périnatales chez les nouveau-nés de femmes ayant un diabète gestationnel. L’essai, une étude de non infériorité, a été conduit entre mai 2012 et novembre 2016 dans 13 centres hospitaliers universitaires français et a porté sur 914 femmes ayant un diabète gestationnel diagnostiqué entre 24 et 34 semaines. Les femmes qui nécessitaient un traitement pharmacologique après 10 jours de régime étaient assignées de manière randomisée soit à recevoir du glibenclamide (n = 460), soit à recevoir de l’insuline (n = 454). Le critère d’évaluation principal était un critère composite de complications néonatales incluant la macrosomie, les hypoglycémies néonatales et l’hyperbilirubinémie. Au total, 914 patientes ont donc été randomisées, d’âge moyen 32.8 ± 5.2 ans ; 98% ont fini l’étude. Pour l’analyse per-protocole, 367 femmes et leurs nouveau-nés ont été analysés dans le groupe « glibenclamide » et 442 femmes et leurs nouveau-nés l’ont été dans le groupe « insuline ». La fréquence du critère composite principal était de 27.6 % dans le groupe « glibenclamide » et de 23.4 % dans le groupe « insuline » avec une différence de 4.2 % (p = 0.19). Cependant, comme la limite de l’intervalle de confiance supérieur de la différence était de 10.5 %, ce qui excédait la limite préspécifiée de non infériorité de 7 %, ces données ne permettent pas de conclure que le glibenclamide n’est pas inférieur à l’insuline dans la prévention de complications périnatales… Pourtant ces résultats suggèrent que l’augmentation des complications ne dépasse pas 10.5 % en comparaison avec l’insuline. Ce résultat doit être contre-balancé par la facilité d’utilisation et la meilleure satisfaction des patientes sous glibenclamide. Et finalement, comme concluent les auteurs, en cas de diabète gestationnel, après échec du régime seul, dans les situations cliniques où un antidiabétique oral peut être nécessaire, les mères informées par leur médecin pourraient prendre la décision, en pesant elles-mêmes les bénéfices et les risques, de choisir le glibenclamide plutôt que l’insuline.

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