La dose de lévonorgestrel d’un DIU influence-t-elle le recours aux antidépresseurs ?

06/02/2023 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Des études préalables ont montré une association entre les stérilets au lévonorgestrel et la dépression, l’utilisation des antidépresseurs ou des anxiolytiques.

Toutes ces études épidémiologiques ont été faites avec un DIU contenant 52 mg de lévonorgestrel. Or un DIU à 19.5 mg de lévonorgestrel est commercialisé en France, à titre contraceptif, depuis 2018 et est utilisé par 30 % des femmes ayant un DIU au lévonorgestrel. Comme les DIU à faible dose entraînent une concentration sanguine inférieure de progestatifs, une équipe épidémiologique française s’est demandé si la dose de lévonorgestrel avait un effet sur l’utilisation des médicaments psychotropes, ceci dans le cadre d’une étude de cohorte nationale reposant sur la base de données de l’Assurance Maladie française qui apporte des informations pour 99 % de la population en France. Les femmes, âgées de 13 à 40 ans, qui n’utilisaient pas de DIU au lévonorgestrel dans les 6 années avant 2019, ni de médicament psychotrope dans l’année précédente, ont été étudiées et les femmes ayant un DIU à 52 mg de lévonorgestrel ont été comparées à celles avec un DIU à 19.5 mg de lévonorgestrel. En tout, 45 736 femmes qui avaient un DIU avec 52 mg de lévonorgestrel ont été comparées à 45 736 femmes appariées ayant un DIU à 19.5 mg de lévonorgestrel. Après ajustement, le fait de porter un DIU à 52 mg était associé à une augmentation statistiquement significative de l’utilisation des antidépresseurs dans les 2 années suivantes (4 % dans le groupe 52 mg et 3.6 % dans le groupe 19.5 mg), donnant un odds ratio ajusté de 1.13 (IC 95 % = 1.05 – 1.21) mais n’était pas associé à une augmentation de l’utilisation des anxiolytiques (5.2 % vs 4.9 %, OR ajusté = 1.05 ; 0.99 – 1.12) ni à une augmentation de l’utilisation des hypnotiques (2.9 % vs 2.6 % donnant un OR ajusté de 1.09 ; 0.99 – 1.19). L’association avec l’utilisation des antidépresseurs persistait chez les femmes sans antécédents médicaux (3.8 % vs 3.3 % ; OR ajusté = 1.19 ; 1.09 – 1.31). Les femmes de moins de 25 ans qui utilisaient un DIU 52 mg vs celles qui utilisaient un DIU 19.5 mg avaient une augmentation significative du risque d’utiliser des hypnotiques (3.2 % vs 2.2 % ; OR ajusté = 1.61 ; 1.04 – 2.48 ; p = 0.04 pour l’interaction). Pour les autres catégories d’âge, les associations entre la dose de lévonorgestrel des DIU et les prescriptions d’anxiolytiques, d’hypnotiques ou d’antidépresseurs n’étaient pas significatives.

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