Cancer du sein : les femmes pourraient interrompre leur hormonothérapie sans danger, le temps de faire un enfant

16/12/2022 Par Marielle Ammouche
Cancérologie
Selon une vaste étude qui vient d’être présentée au San Antonio Breast Cancer Symposium (8 décembre 2022), les femmes qui présentent un cancer du sein hormonodépendant peuvent interrompre sans danger leur traitement hormonal, le temps d’avoir un enfant.  

Ces données sont importantes car près de 20% des femmes ayant un diagnostic de cancer du sein sont en âge de procréer. La question d’une grossesse n’est donc pas du tout anecdotique. Or dans la majorité des cas, il s’agit, chez ces femmes jeunes, d’un cancer hormonodépendant, nécessitant donc une hormonothérapie pour une durée de 5 à 10 ans généralement, qui bloque toute possibilité de tomber enceinte. La question de l’arrêt de ce traitement le temps de concevoir un enfant et de mener à terme une grossesse se pose donc. 

C’est pourquoi une équipe de chercheurs a réalisé une étude internationale (116 hôpitaux, 20 pays, 4 continents) entre décembre 2014 et décembre 2019. Au total, 518 femmes âgées de 27 à 43 ans (âge médian 37 ans) et présentant un désir de grossesse y ont participé et accepté de suspendre leur hormonothérapie pendant environ deux ans pour essayer de tomber enceinte. Elles avaient suivi une hormonothérapie adjuvante pendant une période de 18 à 30 mois avant d’interrompre leur traitement. 

Cette étude, nommée Positive, est également appelée BIG Time for Baby, car elle a été menée par l’International Breast Cancer Study Group (IBCSG), une division de l’ETOP-IBCSG Partners Foundation, et par l’Alliance for Clinical Trials in Oncology en Amérique du Nord, en collaboration avec le Breast International Group (BIG). "La collaboration internationale était nécessaire pour répondre à cette question importante. En effet, partout dans le monde, de jeunes femmes atteintes d’un cancer du sein choisissaient d’interrompre leur hormonothérapie afin de mener leur grossesse à terme, sans savoir si cette décision n’augmentait pas le risque de récidive du cancer du sein", a expliqué le Pr Richard Gelber, membre de l’IBCSG et statisticien principal de l’essai Positive. 

Au cours de l’étude, un total de 365 naissances sont survenues. Les femmes de BIG avaient un taux de conception et de natalité similaire, voire supérieur à celui de la population générale. En outre, les résultats ont mis en évidence que le taux de récidive tumorale chez ces femmes ayant arrêté leur hormonothérapie était de 8,9%, ce qui est comparable au taux constaté dans d’autres étude (9,2%). "Les premiers résultats de l’essai Positive confirment que la grossesse est un objectif réaliste pour les femmes atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant, et brisent définitivement le tabou selon lequel avoir un enfant est susceptible d’augmenter le risque de récidive du cancer. Le projet familial, brusquement interrompu par la maladie, peut être rétabli en toute sécurité", explique la Pre Olivia Pagani, membre de l’IBCSG et investigatrice principale de l’étude Positive au niveau mondial. Les auteurs insistent cependant sur la nécessité d’une étroite collaboration entre professionnels de santé, car ces cas doivent être particulièrement bien suivis.  

Les femmes participant à l’étude Positive vont continuer à être surveillées pour évaluer le risque de récidive du cancer du sein à long terme et s’assurer que les patientes achèvent leur hormonothérapie après la pause prévue.  

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