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Arrêts maladie : en ciblant les médecins, la Cnam table sur 65 millions d'économies en 2025

Face au "risque sérieux de dépassement" de l'Ondam 2025 émis en juin dernier, le ministère et la Cnam ont mis en œuvre des mesures censées dégager 1.7 milliard d'euros d'économies, dont 900 millions d'euros sur la maitrise médicalisée des dépenses et la lutte contre la fraude. L'impact de la campagne MSO-MSAP en cours et des entretiens confraternels qui doivent être menés d'ici à novembre est estimé à 65 millions d'euros.  

22/09/2025 Par Aveline Marques
Economie Politique de santé Assurance maladie / Mutuelles
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L'alerte a été prise très au sérieux. En juin dernier, le comité d'alerte de l'Ondam faisait part d'un "risque sérieux de dépassement" -de plus de 0.5%, soit plus de 1.3 milliard d'euros- du budget 2025. En réaction, les ministres de la Santé et des Comptes publics ont annoncé mettre en œuvre des mesures d'économies représentant au total 1.74 milliard d'euros, rapporte le comité d'alerte, dans son troisième avis de l'année, daté du 17 septembre.

Pour ce comité d'experts, 1.5 milliard d'euros d'économies seront réalisées de manière "certaine", "probable" ou "vraisemblable" et permettront de "prévenir une dégradation supplémentaire" du déficit de la Sécurité sociale (-21.9 milliards d'euros prévus en 2025).

Dans le détail, le report au 1er janvier 2026 des revalorisations conventionnelles pour les médecins, kinés et dentistes qui devaient intervenir le 1er juillet dernier permet d'économiser 150 millions d'euros, tandis que 30 millions d'euros d'économies sont attendues sur les transports des patients par taxi. Les baisses de prix relatives aux médicaments devraient permettre de dégager 550 millions d'euros, constate le comité d'alerte. Sur les dispositifs médicaux, la cible de 200 millions d'euros d'économies ne devrait être réalisée "qu'à hauteur des deux tiers", prévient-il toutefois.

Par ailleurs, 680 millions d'euros d'économies sont obtenues via les annulations de dotations aux établissements de santé et médico-sociaux, au fonds d'intervention régional (FIR) et aux opérateurs de l'Etat financés par l'Ondam ; 60 millions d'euros via la baisse de crédits au fonds pour la modernisation et l'investissement en santé ; et 30 millions d'euros par le report - du 1er juillet au 1er novembre - de l'entrée en vigueur de la majoration de la rémunération des gardes des praticiens libéraux.

La Cnam et les ministères ont également annoncé un renforcement des actions de maitrise médicalisée et de lutte contre la fraude. Alors que dans son précédent avis, le comité d'alerte soulignait le "caractère incertain" des 900 millions d'euros d'économies escomptées dans le calcul de l'Ondam 2025, la Cnam a détaillé les mesures prises afin de conforter cet objectif. Dans un courrier du 23 juin, "le directeur de la Cnam a fait part d'une accélération de la mise en œuvre ou d'une intensification des actions de régulation des arrêts de travail" visant à engendrer 100 millions d'euros d'économies sur les 440 millions d'euros d'économies prévues sur les indemnités journalières dans l'Ondam 2025 : 15 millions d'euros sur les contrôles d'entreprises à la sinistralité atypique, 20 millions d'euros sur les actions à destination des assurés et "au moins 65 millions" pour les actions visant les médecins prescripteurs. A la campagne MSO-MSAP en cours, qui vise les "1000 prescripteurs les plus atypiques", s'ajoutent des "échanges confraternels avec 8000 prescripteurs importants d'arrêts de travail" ou des prescripteurs "d'arrêts de travail de moins de 6 mois sans motif ou avec des motifs nécessitant une investigation par le service médical", détaille l'avis. Le calendrier a d'ailleurs été raccourci, apprend-t-on.

Enfin, la lutte contre la fraude doit rapporter 100 millions d'euros : 67 millions d'euros sur l'usage des médicaments, 15 millions d'euros sur les dispositifs médicaux et 8 millions d'euros sur les transports.

Malgré ces éléments, "la réalisation intégrale de l'objectif de 900 millions d'économies intégré à la construction de l'Ondam 2025 [sur la maitrise médicalisée, NDLR] apparaît aléatoire", juge le comité d'alerte, qui ne peut écarter l'éventualité "d'un dépassement supplémentaire du sous-objectif des soins de ville". Son prochain avis sera rendu le 15 octobre prochain. 

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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 mois
Ou, pour compléter la remarque de Pierre France, de mieux cibler les contrôle SS des arrêts. Exemple : une patiente travaillant à l'éducation nationale m'est renvoyée par le médecin du travail après une visite de pré reprise (oui, ils savent que cela existe, et si on s'y prends longtemps à l'avance on peut l'obtenir !) pour prolongation de l'arrêt (au lieu du temps partiel 50% demandé, avec lequel il/elle est entièrement d'accord) mais pour attendre l'avis de la commission administrative qui n'a lieu que dans x semaines ! Bien sûr c'est dit oralement à la patiente (pas fou) avec un 2nd formulaire papier à remplir pour cette commission, où il faut renseigner les mêmes items que sur l'avis officiel de temps partiel ! La Simplification administrative c'est pour les autres, pas l'état ! Bref ! On me demande de prolonger un arrêt temps plein une personne qui peut reprendre a50% pour des raisons administratives ! Que j'ai interprété comme suit : 1/on l'a déjà remplacée, donc autant que ce soit la SS qui la paye sur leur bubjet plutôt que sur le nôtre ! 2/ c'est plus simple pour nous administrativement ! Pas de poste à chercher, pas de règle de 3 pour la fiche de paye...
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 mois
La définition d'économie pose problème. Si les médecins se sont empêchés de prescrire des arrêts de travail justifiés à cause des pressions de la CNAM, ce n'est pas une économie mais une incitation à la faute professionnelle. Et je sais qu'il n'y a pas de petite économie mais... on parle donc d'un euro par Français pour mettre la pression directement sur au moins un quart d'une profession en pénurie, avec des risques d'aggravation de l'accès aux soins... le jeu en vaut-il la chandelle ?
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 mois
Il est plus facile de taper sur une minorité silencieuse (les médecins) que les citoyens qui sont des électeurs potentiels!
 
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