La visite pas si "surprise" d'Agnès Buzyn aux urgences de Saint-Antoine

13/06/2019 Par A.M.
Politique de santé
"J'invite Agnès Buzyn à passer une nuit aux urgences", lançait, dans les colonnes du Parisien mardi, un membre du Collectif Inter-Urgences. La ministre de la Santé l'a pris au mot : hier soir, elle a débarqué "à l'improviste" au SAU de Saint-Antoine, fer de lance du mouvement de grève nationale. Une visite suivie "en exclusivité" par une journaliste du quotidien francilien.

 C'est dans cet hôpital qu'a démarré, en mars, le mouvement de grève des urgences qui touche aujourd'hui 101 services dans toute la France. C'est également dans cet établissement, au 6e étage, qu'un bureau porte encore le nom du Pr Agnès Buzyn, qui consultait en hématologie. Ce n'est donc pas un hasard si la ministre de la Santé a choisi le service des urgences de Saint-Antoine pour sa visite "surprise" dans la nuit de mercredi à jeudi. Les soignants, qui n'avaient donc été pas prévenus de ce déplacement, ont vu débarquer Agnès Buzyn à 22h45, accompagnée de son directeur adjoint de cabinet, mais sans journaliste, la presse n'ayant pas été prévenue ni conviée. Ou presque. "Nous y étions", clame aujourd'hui le quotidien Le Parisien, qui publiait mardi l'appel d'un infirmier du Collectif Inter-Urgences : "J'invite Agnès Buzyn à passer une nuit aux urgences!". L'occasion était trop belle.

Même si la ministre n'a pas passé la nuit sur place, elle a tenu à échanger avec chacun des membres du personnel avant son départ, à minuit et demi. "Cela fait si longtemps que l’on attendait de vous voir. On s’est déplacé jusqu’à votre ministère et vous ne nous avez pas reçus. Et là, vous venez à l’improviste…", lui reproche Laure, infirmière "Débarquer ainsi permet de sortir des postures et de se parler plus simplement", tente de justifier la ministre. "Je sais vos difficultés. La dégradation, je l’ai vécue. Je fais tout pour sauver l’hôpital. Dites-moi ce que vous attendez de moi." Et de rappeler les mesures d'urgence annoncées la semaine dernière : généralisation de la prime de risque pour les paramédicaux, mission sur les urgences, aides financières pour recruter en "périodes de tension"…

Urgences : Agnès Buzyn applaudie en congrès mais huée en manif

Mais cette "visite de courtoisie" est loin d'avoir convaincu le Collectif Inter-Urgences, fer de lance du mouvement de grève nationale. Les "réponses à la hauteur du malaise ayant cours dans les services sont toujours attendues", écrit le collectif dans un communiqué. Et de soupçonner la ministre d'avoir cherché à "amadouer" les grévistes et remplir "ses objectifs de communication".

Comme un témoignage de la sincérité de sa démarche, Agnès Buzyn, en quittant les lieux, aurait soufflé à son directeur de cabinet adjoint : "L’hôpital, j’y tiens. Tu sais, dès que le ministère et tout ça s’arrête, j’y retourne." Assez fort, cependant, pour tomber dans l'oreille de la journaliste. [Avec LeParisien.fr]

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