Près d’un adulte sur deux en surpoids en France

21/03/2023 Par Brigitte Blond
Nutrition
Si la prévalence du surpoids fluctue aux alentours de 30% depuis 1997, celle de l’obésité progresse rapidement, de 8,5% en 1997 à 17% en 2020. Une évolution préoccupante mise en évidence par l’enquête ObéFrance(1).  

 

Au moins 50 000 interventions de chirurgie bariatrique sont réalisées chaque année en France. Il apparait donc utile de communiquer mieux sur cette maladie qu’est l’obésité et sur sa prévention : "un constat qui nous a conduit à créer la Ligue contre l’obésité, souligne le Pr David Nocca, responsable de l’équipe de chirurgie digestive et bariatrique au CHU de Montpellier. Et pour mieux apprécier la situation de l’obésité en France et les tendances, notre premier projet est de faire un point épidémiologique, à l’image de ce qu’avait initié au siècle dernier le laboratoire Roche avec les enquêtes Obépi(1), conduites tous les 3 ans de 1997 à 2012 (pour la dernière édition)."

 

Les jeunes adultes particulièrement concernés 

"Si la France est mieux placée que les Etats-Unis qui comptent 50 % de personnes obèses, avec une proportion de 17 % “seulement“, certains signes nous inquiètent pour les populations plus jeunes dans cette enquête portant sur les années 2017 à 2020", observe la Dre Annick Fontbonne, médecin épidémiologiste chercheuse à l’Inserm et coordonnatrice de ObéFrance*. 47,3% des adultes français seraient en surpoids et parmi eux 17% d’obèses. L’augmentation est linéaire avec un doublement de la prévalence de l’obésité par rapport à 1997, et 6% d’obésité sévère en plus (toujours versus 1997). Plus préoccupants, les chiffres des classes d’âge 18-24 ans avec un quadruplement de l’obésité par rapport à 1997 et un triplement pour les 25-34 ans. La prévalence de l’obésité est plus forte dans les régions Nord et Nord-Est, Bretagne et Pays-de-Loire étant relativement épargnées. Les catégories sociales défavorisées paient un lourd tribut à la maladie (surpoids et obésité). La prochaine enquête étudiera les années 2020-2023, incluant la période si particulière du Covid. 

 

Accompagner les malades 

"Enfin, une fois cette information donnée de l’inflation d’obésité, il importe de ne pas laisser les patients (l’obésité étant une maladie) seuls dans un contexte obésogène", insiste la spécialiste. L’obésité est une maladie chronique dont on peut mourir, la récidive est possible (après une chirurgie bariatrique) et, à l’instar de la prise en charge d’un cancer, oblige à des réunions de concertation pluridisciplinaire. 

Les leviers d’action sont plus nombreux qu’il y a quelques années : "en plus d’un changement de mode alimentaire (alors dénué d’aliments à forte densité énergétique et/ou ultra-transformés) et d’activité physique, de la chirurgie bariatrique pour les obésités les plus sévères et/ou compliquées, les nouveaux traitements, pharmacologiques, de l’obésité nous donnent des raisons d’espérer(2), signale la Pre Karine Clément, directrice de l’unité Inserm nutrition et obésités : approches systémiques (Nutriomique), après des années de no man’s land". 

 

De nouvelles solutions pharmacologiques 

L’obésité est une maladie complexe, le fruit d’une susceptibilité biologique, de facteurs génétiques et d’un environnement favorable à la prise de poids. Puis les organes deviennent malades. Tous les systèmes (muscles, intestin, cerveau, etc.) sont affectés ainsi que la manière dont ces différents systèmes et organes dialoguent… Les premiers médicaments à tropisme cérébral agissaient sur les neuropeptides contrôlant le comportement alimentaire, au prix d’effets secondaires cardiovasculaires et psychiatriques. Par ailleurs, il existe des cas rares d’obésité (2 à 4 % des formes très sévères d’obésité), avec des troubles majeurs du comportement alimentaire dont on connaît la cause génétique, la cible moléculaire adaptée et pour laquelle on dispose d’un traitement. "Pour ce qui est de l’obésité “commune“, nous avons aujourd’hui des médicaments, développés d’abord comme antidiabétiques (qui augmentent la production d’insuline), des analogues des hormones glucagon-like peptide 1 (GLP-1) qui sont des “incrétines“ fabriquées par l’intestin. En les donnant à doses plus élevées chez des personnes obèses, en les associant (2, voire 3), on obtient un effet favorable sur la perte de poids avec une réduction à un an de 10, 12, 15 et même 18 % du poids du corps, sans qu’on puisse toutefois prédire chez quelles personnes le traitement sera le plus efficace. Ni lesquelles souffriront d’effets secondaires (digestifs habituellement)", indique la Pre Clément. 

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