L’échographie, une technique en développement en pédiatrie

08/07/2021 Par Corinne Tutin
Imagerie médicale

Absence d’irradiation, pas de nécessité de sédation, apport pour le diagnostic et le dépistage…, les atouts de l’échographie chez l’enfant sont multiples. Eclairage avec le Dr Pascal Amedro*, cardiopédiatre au CHU de Montpellier, qui a participé à l’organisation d’un programme de DPC sur l’échographie dans le cadre du congrès de la Société française de pédiatrie (SFP), organisé sous forme digitale du 19 au 21 mai 2021.   Egora : Où en est-on en matière d’échographie thoracique chez l’enfant ? Dr Pascal Amedro : Comme dans d’autres domaines, il existe un retard en pédiatrie. Mais, l’échographie notamment de dépistage va se diffuser en raison de ses très bons résultats dans de nombreux domaines. Ce d’autant que des études de cohorte comme Coccinelle ont souligné le risque de cancer radio-induit après utilisation d’examens irradiants dans l’enfance comme le scanner ou ceux liés à des gestes de cathétérisme cardiaque. Et, que l’IRM peut nécessiter une sédation ou une anesthésie chez les enfants les plus jeunes, car ils bougent alors que l’examen est long, et ne savent pas retenir leur respiration. Pour favoriser le développement de l’échographie en pédiatrie, il est cependant indispensable de former, comme nous venons de le faire, les médecins y compris de première ligne à cette technique. S’agissant de l’échographie thoracique, on en est aux balbutiements en pédiatrie. Mais, de plus en plus d’urgentistes, de pneumologues et de réanimateurs pédiatres se forment. L’examen peut diagnostiquer une pneumonie (foyer de condensation) chez un enfant fébrile, avec une douleur thoracique, une CRP élevée tandis que la radiographie de thorax peut rester normale, durant 24 à 48 heures (retard radiologique). Une échographie normale permet souvent d’éliminer la possibilité d’une pneumopathie. Cet examen est également intéressant pour apprécier l’évolution du traitement, déterminer si un abcès se constitue. Il pourrait se substituer à la radiographie de thorax en cas d’infection intercurrente chez les patients avec une maladie respiratoire chronique, comme la mucoviscidose ou l’asthme.   Et pour l’échocardiographie ? La fiabilité de l’échocardiographie est encore plus importante chez l’enfant que chez l’adulte, en raison d’une très bonne échogénicité. C’est l’examen central pour dépister les malformations cardiaques chez le fœtus, en général au deuxième trimestre de la grossesse et en confirmer le diagnostic à la naissance. En effet, près de 1 % des enfants ont une malformation cardiaque, telle que des communications interventriculaires ou interauriculaires, une tétralogie de Fallot, une transposition des gros vaisseaux, ou un ventricule unique. L’échocardiographie fait le diagnostic anatomique complet de la malformation dans la très grande majorité des cas. Le scanner peut compléter le diagnostic ; l’IRM cardiaque s’est développée plus récemment chez l’enfant, surtout pour la surveillance post-opératoire. L’échocardiographie a aussi des indications larges, telles que le suivi du cancer traité par anthracyclines, la recherche d’endocardites ou l’analyse des artères coronaires dans la maladie de Kawasaki. Cet examen s’est enrichi de nouvelles modalités : strain (pourcentage de raccourcissement musculaire), images en 3D, Doppler tissulaire. Des études de recherche clinique, toujours difficiles à mettre en place chez l’enfant, tentent de déterminer si ces avancées ne devraient pas être utilisées pour mieux évaluer une malformation comme un ventricule unique, mieux prévoir le risque d’événement cardiaque dans la myopathie de Duchenne.   Les médecins généralistes pourraient-ils être amenés un jour à faire des échographies ? Ils pourraient avoir un rôle important pour la fast-écho en réalisant l’examen sous le contrôle d’un spécialiste à distance. Par exemple, les enfants opérés du cœur doivent venir une fois par semaine pour avoir une échocardiographie afin de vérifier l’absence d’épanchement péricardique. Cet examen pourrait être fait à distance par le médecin de première ligne. Fortement accélérée par le Covid, l’utilisation de l’échographie en télémédecine va, sans aucun doute, se poursuivre.   *Le Dr Amedro déclare n’avoir aucun lien d’intérêt.

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