Epilepsie et grossesse : un nouveau risque identifié avec le topiramate

30/06/2022 Par Marielle Ammouche
Gynécologie-Obstétrique
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) alerte sur un risque neurodéveloppemental lié à l’exposition du fœtus au topiramate pris par la maman pendant sa grossesse dans le cadre d’un traitement antiépileptique.

  L’agence sanitaire a déclenché une évaluation européenne suite à la publication d’une étude dans Jama Neurology, qui montrait ce risque lié au topiramate. Cette étude, qui était basée sur des registres nordiques (Suède, Norvège, Finlande, Danemark, et Islande, entre 1996 et 2017) a inclus 24 825 enfants exposés in utero à au moins un médicament antiépileptique et suivis en moyenne jusqu'à leur 8ème année. Les résultats ont mis en évidence un risque de survenue de troubles du spectre autistique multiplié par 2,77, et de déficience intellectuelle multiplié par 3,47, chez les enfants dont la mère atteinte d’épilepsie a été exposée au topiramate en monothérapie durant sa grossesse, par rapport à ceux dont la mère atteinte d’épilepsie n’a pas été exposée à un traitement antiépileptique. Mais les effets tératogènes du topiramate étaient déjà connus, en particulier concernant le risque de malformations majeures dont des fentes labiales et palatines, d’atteintes des organes génitaux (hypospadias) et de microcéphalies. S’y ajoute également un risque augmenté de petit poids à la naissance. Dans l’attente des résultats de l’évaluation européenne, l’ANSM rappelle la nécessité ne de pas utiliser ce traitement contre l’épilepsie « sauf en cas de nécessité absolue », chez la femme enceinte, ainsi que chez la femme en âge d’avoir des enfants et n’utilisant pas de méthode de contraception hautement efficace. Ce médicament ne doit, en outre, jamais être prescrit chez ce type de patientes, dans le cadre d’un traitement contre la migraine, ou pour toute autre indication hors AMM (le topiramate est en effet parfois prescrit dans le cadre d’un traitement amaigrissant). Par ailleurs, l’ANSM a fait part de nouvelles données (étude observationnelle sur 2 700 grossesses exposées) confirmant l’augmentation du risque de malformations congénitales majeures en cas d’exposition à la prégabaline pendant la grossesse (multiplication par 1,5). Ce risque est en cours de mise à jour dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) et la notice patient. La prégabaline ne doit pas être utilisée au cours de la grossesse, sauf en cas de nécessité absolue.

Enfin, concernant le valproate, le risque de malformations oculaires a été ajouté, ainsi que des informations complémentaires portant sur les effets sur la fertilité chez l’homme. L’actualisation du résumé des caractéristiques des produits et de la notice de ces médicaments est en cours. « Le valproate et ses dérivés sont formellement contre-indiqués pendant la grossesse dans la prise en charge des troubles bipolaires et ne doivent pas être utilisés chez les femmes enceintes épileptiques, sauf en l’absence d’alternative thérapeutique » rappelle l’ANSM.
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