Une rétention possible de gadolinium après IRM injectée incite à la prudence

30/11/2018 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Le gadolinium a révolutionné l’imagerie par résonance magnétique (IRM) en permettant de visualiser des lésions indétectables sur des IRM non injectées. Sa diffusion a donc été majeure et très peu d’effets secondaires ont été rapportés. Dans cet usage en imagerie médicale, le gadolinium, un métal rare, est chélaté à des ligands organiques linéaires ou macrocycliques, ce qui permet d’administrer et d’excréter ce métal qui, sinon, serait toxique.

On pensait initialement que le gadolinium chélaté restait intact, et qu’il était excrété par le rein, en majorité, et accessoirement par le foie. Cependant, à la fin des années 90, des cas heureusement rares de fibrose systémique néphrogénique ont été décrits chez des patients insuffisants rénaux exposés au gadolinium. Chez ces patients, une accumulation de gadolinium non chélaté a été observée dans la peau, suggérant la mobilisation à partir d’un réservoir tissulaire comme l’os. Ceci suggérait qu’une déchélation du gadolinium était possible, amenant la FDA, aux Etats-Unis, à émettre une réserve vis-à-vis de l’utilisation de ce produit chez les patients en insuffisance rénale. En 2014, chez 380 patients qui avaient eu des IRM injectées, une corrélation positive a été observée entre l’exposition cumulée au gadolinium et l’intensité du signal T1 dans le noyau dentelé et le pallidus globus. Ces données ont été confirmées par des études autopsiques et l’on sait donc que le gadolinium est retenu en très petites quantités dans le parenchyme cérébral après injection de gadolinium. Cependant, pour l’instant, aucune conséquence clinique de ces quantités extrêmement faibles de gadolinium intracérébrales n’a été décrite. Ainsi, sur une très vaste étude de plus de 140 000 sujets, il n’a pas été retrouvé d’association entre l’administration de gadolinium et la survenue d’un syndrome parkinsonien. Pourtant, en 2017, quelques cas d’association de pathologies cognitives et articulaires ont amené la FDA à émettre une nouvelle réserve et à recommander que les prescripteurs et les patients en soient informés. Les modèles animaux malheureusement n’apportent pas beaucoup d’aide pour y voir plus clair sur ce sujet et il faut reconnaître qu’actuellement, on ne dispose pas d’arguments nets associant l’exposition au gadolinium et des conséquences cliniques. C’est la raison pour laquelle il faut mettre en place des travaux cliniques prospectifs afin d’en avoir le cœur net.  En attendant, il semble prudent de bien évaluer la balance bénéfice-risque des injections de gadolinium afin d’essayer autant que possible de limiter son usage aux situations où elle est indispensable, sans perdre de vue que l’utilisation de gadolinium a constitué une révolution dans le diagnostic et le suivi d’un certain nombre de maladies.

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