Dépister et prévenir les maladies cardiovasculaires du sportif amateur
La pratique sportive est bien sûr bénéfique pour l’espérance de vie et de vie sans handicap. Elle freine, en effet, la vitesse de progression du handicap quand il apparaît. "Il n’est donc pas question de l’empêcher, mais de prévenir autant que faire se peut l’accident en sachant que le dépistage n’est pas du 100%", prévient le Dr Antoine Deney (cardiologue à l’Hôpital de Rangueil de Toulouse). Ainsi un athlète souffrant d’une cardiopathie “sous-jacente“ (qu’il ignore) présente 2,5 fois plus de risque de mort subite, une déshydratation relative, un dérèglement ionique favorisant sur ce terrain la survenue d’extrasystoles ventriculaires, une arythmie et in fine une mort subite. Un phénomène certes rare mais dont on sait qu’il se produit plus volontiers chez des hommes de plus de 35 ans, qui pratiquent un sport de loisir. Il s’agit donc de viser en priorité cette population dont la coronaropathie peut s’exprimer lors de l’effort. Un bilan cardiaque minimal s’intéresse aux antécédents familiaux de mort subite naturellement, de cardiomyopathies, au risque cardiovasculaire individuel, aux symptômes (dyspnée, palpitations, lipothymies, syncopes) dont une fatigue inhabituelle (en lien peut-être avec une coronaropathie instable). A l’examen clinique, il convient de reconnaître la bénignité d’un souffle, une morphologie de type Marfan. L’ECG est indispensable, sa performance diagnostique étant de 90% (versus 20% pour l’auto-questionnaire préalable à la visite médicale proposé par le site de la Société française de médecine de l’exercice et du sport) pour les cardiomyopathies hypertrophiques par exemple. La Société française de cardiologie (SFC) suggère un ECG tous les 3 ans de 12 à 20 ans, ensuite tous les 5 ans, à la recherche d’une cardiomyopathie obstructive, d’anomalies congénitales d’implantation des coronaires... Puis, à partir de 35 ans, de coronaropathies essentiellement. "Les épreuves d’effort n’ont rien de systématique", souligne le Dr Deney. Elles sont indiquées chez les personnes entraînées ou non en cas de symptômes, d’anomalies cliniques électrocardiographiques (de repos) ou de cardiomyopathie familiale. Elles peuvent également être envisagées chez une personne asymptomatique quand le risque vasculaire est haut et a fortiori très haut. La coronaropathie étant la cible, c’est l’échographie d’effort qui doit être dans ces cas privilégiée. Le scanner cardiaque qui permet de calculer le score calcique devrait être réservé aux sportifs à bas risque parce qu’il prédit plus sûrement ici la survenue d’un évènement coronarien et permet alors de réajuster les modalités du dépistage.
Reprendre l’activité physique après un évènement coronarien Pour les patients à faible risque, tels que définis par les recommandations européennes de 2020 (1, 2), la reprise du sport, et a minima de l’activité physique, est conditionnée à leur évaluation : connaissance du réseau coronaire, de la fraction d’éjection du ventricule gauche (par une échocardiographie) et un test d’effort idéalement maximal, de préférence cardiopulmonaire, pour juger de l’ischémie résiduelle et de l’occurrence de troubles du rythme à l’effort. Chez ces patients à bas risque, une autorisation est donnée pour l’ensemble des sports sous réserve que les attentes ne soient pas extravagantes, en dehors des limites raisonnables et au-delà des bonnes pratiques : il s’agit ici de viser la santé et le plaisir plutôt que les performances.
Le certificat post-évènement est valable un an en insistant sur la réévaluation indispensable du risque si survient un symptôme à l’effort, de quelque nature que ce soit. Par ailleurs, doivent être respectées les règles d’or édictées par le Club des cardiologues du sport : consulter donc en cas de symptôme à l’effort ; respecter une période d’échauffement et de récupération ; s’hydrater (urines claires en ligne de mire) ; éviter le sport lors des pics de pollution, de chaleur (pics fébriles compris) et de froid ; renoncer au tabac (et en particulier avant et après l’effort), ainsi qu’aux substances énergisantes.
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