Le traitement hormonal de la ménopause augmente-t-il le risque de démence ?

17/07/2023 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La démence touche plus souvent les femmes que les hommes dans le monde entier. Les estrogènes sont connus pour leurs effets neuroprotecteurs mais aussi neurotoxiques.

Les études transversales à grande échelle ont montré que l’utilisation à long terme du traitement hormonal de la ménopause (THM) était associée au développement d’une démence. L’étude Women Health Initiative (WHI) a rapporté que le THM était associé à une augmentation du risque de démence mais l’étude ne portait que sur des femmes de plus de 65 ans, or les recommandations actuelles font plutôt proposer le THM autour de l’âge de la ménopause et plutôt pour un maximum de 5 années. Ainsi, l’âge de la population éventuellement ciblée par le THM est maintenant autour de 50 à 55 ans, ce qui interroge sur la validité de l’étude WHI dans cette tranche d’âge. C’est la raison pour laquelle une étude nationale cas-témoins a été menée à partir des données des registres nationaux danois. 5589 cas de démence ont été comparés à 55 890 témoins de même âge, identifiés entre 2000 et 2018 dans la population de toutes les femmes danoises âgées en 2000 de 55 à 60 ans et sans antécédent de démence ou de contre-indication à l’utilisation du THM. En comparaison avec les femmes qui n’avaient jamais utilisé de THM, les femmes qui avaient reçu un traitement par estrogènes et progestatifs avaient une augmentation du taux de démence quelle qu’en soit la cause (hazard ratio = 1.24 ; IC 95 % = 1.17 à 1.33). L’augmentation de la durée du traitement conduisait à un hazard ratio supérieur allant de 1.21 (1.09 à 1.35) pour au moins un an d’utilisation, à 1.74 (1.45 à 2.10) pour plus de 12 ans d’utilisation. Le traitement par estrogènes et progestatifs était associé de manière positive au développement d’une démence, que le traitement soit administré de manière continue (HR = 1.31 ; 1.18 à 1.46) ou de manière cyclique (HR = 1.24 ; 1.13 à 1.35). Les associations persistaient chez les femmes qui avaient reçu le traitement avant l’âge de 55 ans (HR = 1.24 ; 1.11 à 1.40). Les données étaient également confirmées lorsqu’elles étaient restreintes à une démence à début tardif (HR = 1.21 ; 1.12 à 1.30) ou à la maladie d’Alzheimer (HR = 1.22 ; 1.07 à 1.39). Selon cette étude, le THM semble donc bien associé de manière positive au développement d’une démence quelle qu’en soit la cause mais aussi de la maladie d’Alzheimer, y compris chez les femmes qui ont reçu le traitement avant l’âge de 55 ans. L’augmentation du taux de démence était similaire, que le traitement soit donné de manière continue ou cyclique. Reste maintenant à mener des études complémentaires pour déterminer si ces données sont liées à un effet du THM sur le risque de démence ou s’il reflète plutôt une prédisposition sous-jacente chez les femmes qui manifestent le besoin de ces traitements, ce que semble soutenir les auteurs de l’éditorial associé.  

Faut-il octroyer plus d'autonomie aux infirmières ?

Angélique  Zecchi-Cabanes

Angélique Zecchi-Cabanes

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