Dress syndrome pédiatrique : les antibiotiques souvent en cause

22/06/2021 Par Corinne Tutin
Allergologie
Un Dress syndrome doit être évoqué chez un enfant avec un exanthème cutané fébrile après prise médicamenteuse, en particulier après administration d’antibiotiques, a-t-il été rappelé lors du 16ème congrès francophone d’allergologie (27-28 mai).

Le Dress syndrome (Drug reaction with eosinophilia and systemic symptoms) est une toxidermie rare mais potentiellement létale. Ce syndrome se traduit par une éruption cutanée étendue avec infiltration du visage et des extrémités et souvent prurit sévère, qui débute quelques semaines après un traitement et s’accompagne de fièvre, polyadénopathies, ainsi que d’atteintes viscérales diverses. Une hyperéosinophilie est, de plus, en général présente. Une étude nationale rétrospective conduite dans 15 hôpitaux français chez des patients de moins de 18 ans, hospitalisés entre 2000 et 2020, permet de mieux connaître les caractéristiques des Dress pédiatriques. Sur 53 cas recensés de Dress possible, probable ou certain, un quart sont survenus au cours d’une hospitalisation. L’âge moyen des jeunes patients était de 8,5 ans ; 58 % des 90 molécules imputables étaient des antibiotiques, 21 % des anti-épileptiques. L’apparition des symptômes est survenue, en médiane, 13 jours après la première administration du médicament. Mais, un retard diagnostique médian de 5 jours a été constaté. Tous les jeunes malades présentaient une éruption cutanée (dans 49 % des cas une éruption morbilliforme) et tous étaient fébriles. Environ les deux tiers présentaient un œdème du visage et des adénopathies ; plus de quatre sur cinq d’entre eux avaient une hyperéosinophilie. Le foie (79 %), les reins (25 %), les poumons (21 %) et la rate (13 %) étaient les organes les plus souvent touchés, mais un enfant avec une myocardite est décédé d’un arrêt cardio-respiratoire. Plus de 60 % des enfants ont présenté un patch positif à la molécule testée.

Le traitement a, le plus fréquemment, reposé sur les corticoïdes locaux (33 %) ou par voie générale (55 %) (pendant une durée médiane de 42 jours), moins souvent sur les immunoglobulines intraveineuses (11 %) ou la ciclosporine (4%). Les auteurs, Eve Bedouelle et coll (service de dermatologie du CHU de Nantes) insistent sur l’importance « d’évoquer un Dress syndrome chez tout enfant présentant un exanthème cutané fébrile dès qu’un médicament a été introduit au cours des 12 dernières semaines ». Le diagnostic de Dress syndrome est souvent difficile et est rarement évoqué en première intention. Cependant, les antibiotiques sont souvent imputables dans un délai relativement court, moins de deux semaines.
     

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Michel Pailleux

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