Masque de peste : que cache ce "mythe" de l'histoire de la médecine ?

Le commentaire et les explications sur le "masque de peste" sont très intéressants, et l'article illustre la tendance "moderne" à réduire un événement à une seule image (ou à un seul détail). L'un des intérêts indéniables est de mettre en lumière le fait que la contagiosité de la maladie ait été comprise très vite, ce qui n'était pas le cas pour de nombreuses affections (la contagiosité de la tuberculose n'a été réellement admise qu'à la fin du 19ème siècle). Par contre, une approximation regrettable est de considérer que la "peste médiévale" n'a sévi que de 1347 à 1352: c'est en fait le temps qu'elle a mis à envahir la totalité de l'Europe, mais cette épidémie, identifiée actuellement comme la "deuxième pandémie de peste" (la première étant la "peste de Justinien", à la fin de l'empire Romain) s'est en fait poursuivie jusqu'en..1848, avec des reprises sporadiques dans différents pays. L'une de ces recrudescences les plus célèbres est la "grande peste de Londres" de 1665, qui tua entre 75 et 100 000 personnes, mais vous en retrouverez facilement beaucoup d'autres (dont la "peste de Marseille" de 1720...). Le dernier foyer de cette pandémie était à Constantinople, en 1848. Il est clair que, sur une durée de 5 siècles, l'approche de la maladie a dû beaucoup évoluer et a pu être très différent suivant les pays. Pour l'anecdote, on raconte qu'un médecin de Toulouse (Augier Ferrier, 1513) s'était rendu célèbre en préconisant contre la peste la "pilule aux Trois Adverbes"... : "s'enfuir vite, aller loin, revenir tard !" Quant à la troisième pandémie de peste, apparue en Chine, au Yunnan, vers 1895, eh bien, elle n'est toujours pas éteinte, et si les derniers cas en France remontent à la seconde guerre mondiale ("peste des chiffonniers" à Paris, et quelques cas en Corse), la maladie sévit toujours en Asie, en Afrique, et en Amérique du Nord et du Sud. Avec des réservoirs animaux qui ne sont pas près d'être contrôlés.

Au début de la pandémie de, j'avais illustré ma page Facebook avec une reproduction d'un "medico della peste" ramenée de Venise il y a quelques années. Les médecins de l'époque qui ne connaissaient pas les microbes ont eu un intuition formidable pour concevoir cet équipement de protection qui, outre le masque filtrant, comportait une capuche, une grande blouse en toile cirée, des gants et une baguette destinée à soulever les habits des pestiférés pour les examiner sans avoir à les toucher. Avec nos charlottes, nos lunettes de protection, nos masques FFP1 et FFP2, nos sur-blouses et nos gants, nos prédécesseurs n'avaient rien à nous envier ! Il serait intéressant de savoir si cet "EPI" (équipement individuel de protection) a été utilisé lors de l'épidémie de peste de Marseille en 1720 ?

Il aurait été souhaitable de préciser la fonction du bec d'oiseau: contenir des gousses d'ail censées protéger le médecin des miasmes de la peste (légende ou pas ?).