Les acteurs de la crise du coronavirus en France se succèdent face à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Après Olivier Véran ou un ancien directeur général de la santé, le Pr Raoult s’est prêté au jeu des questions-réponses des députés. Mercredi 24 juin pendant son audition, il a mis en cause l'indépendance du Conseil scientifique chargé de conseiller le gouvernement dans la crise du Covid-19 et assuré avoir observé une "obsession de vouloir traiter les gens avec le remdesivir", y voyant le résultat de la stratégie d'"influence" de ce laboratoire. Interrogée à son tour ce jeudi 25 juin, la cheffe du service des maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP), à Paris, Karine Lacombe est également accusée par certain partisans du Pr Raoult d'avoir des "conflits d'intérêt" avec le laboratoire américain Gilead, depuis une interview le 24 mars où elle critiquait la méthodologie de ses études sur l'hydroxychloroquine, la spécialiste des traitements contre le VIH et l'hépatite C a exposé devant les députés la différence entre conflits et liens d'intérêt.
"Je n'ai aucune preuve qu'il n'y a pas eu (...) de conflits d'intérêt, de financements occultes. Je me prononce en tant que médecin, qui a été en contact avec certains membres" de ces instances : "je n'ai jamais eu le sentiment qu'il y ait eu un médicament plus poussé qu'un autre. Au contraire, on nous a poussé à monter les essais nécessaires pour montrer que certains médicaments étaient efficaces, et peut-être plus que la prise en charge standard", a-t-elle assuré devant la commission. Karine Lacombe a rappelé que ces liens d’intérêts étaient strictement encadrés par la "loi anti-cadeaux" de janvier 2017 qui limite les avantages que peuvent recevoir les professionnels de santé aux "défraiements" d'activités de recherche ou de conseil, et aux frais de repas, de transport ou d'hébergement "pour des manifestations à caractère exclusivement professionnel et scientifique". Dans ce cadre, la... chercheuse dit avoir réalisé des "conférences" et des "prestations 'expert" pour plusieurs industriels, après accord de son employeur, l'université de la Sorbonne, dont les rémunérations sont publiées sur la base de données Transparence Santé.
"Vous m'interrogez sur mes liens d'intérêts. Ils sont encadrés de manière stricte (...) Il n'y a pas de financement occulte ou d'enrichissement personnel. Le travail qui a fait l'objet d'une rémunération, c'est un travail fait", assure Karine Lacombe. #Covid_19 #DirectAN pic.twitter.com/RTcF0Dq8KU
— LCP (@LCP) June 25, 2020
"Je ne me suis pas opposée à quelque scientifique que ce soit" L’infectiologue a également fait le point sur ses déclarations à propos de l’efficacité de l'hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19 : "je ne me suis pas opposée à quelque scientifique que ce soit, (...) je ne me suis pas non plus opposée à une molécule. J'ai simplement essayé d'apporter un regard critique (...) sur la façon dont un essai pouvait être fait", a-t-elle fait valoir. "Il est très important, quand on porte une conclusion qui peut avoir un impact majeur en termes de santé publique, d'avoir des données qui sont solides", a ajouté la chercheuse, qui avait auparavant déploré que "des controverses hasardeuses et des polémiques stériles" aient "masqué l'engagement" de nombreux soignants "envers les malades" pendant la crise sanitaire. "Je ne peux pas croire que dans une situation sanitaire aussi exceptionnelle, il y ait eu de la part du Conseil scientifique, de la HAS ou de l'Agence du médicament, une volonté de ralentir l'arrivée sur le marché de médicaments, (...) simplement parce qu'il y avait un laboratoire, aussi puissant puisse-t-il être" qui aurait exercé des pressions, a encore appuyé Karine Lacombe. [Avec AFP]
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