"Nous avons eu droit à une leçon de morale" : les médecins libéraux fustigent les annonces de Macron

09/01/2023 Par M.G.
Politique de santé
Ce vendredi 6 janvier, Emmanuel Macron a présenté son nouveau plan d’action pour sortir de cette "crise sans fin" dans laquelle est plongé le système de santé. Des mesures qui partagent les syndicats des médecins libéraux et hospitaliers.  

 

Emmanuel Macron s’est déplacé ce vendredi 6 janvier au centre hospitalier Sud-Francilien de Corbeil-Essonnes. Il en a profité pour avancer les mesures de son plan d’action pour refonder le système de santé. Concernant la médecine de ville, le Gouvernement a annoncé vouloir davantage rémunérer les médecins qui prennent de nouveaux patients, ainsi que ceux qui participent à la permanence des soins ambulatoires. Dans un communiqué, le syndicat des médecins libéraux (SML) s'est insurgé : "Il semble que le Président n’ait rien compris ni entendu des revendications des milliers de médecins libéraux qui ont manifesté hier dans la rue et aux attentes pourtant légitimes de médecine de ville." Les représentants souhaitaient une "délégation des actes administratifs, pas des actes cliniques". Même constat du côté du syndicat MG France qui "demande depuis des mois les moyens nécessaires à la médecine générale pour que chaque Français puisse bénéficier de l'accès à un médecin traitant". Or "le Président de la République explique comment nos concitoyens devraient pouvoir s'en passer", raille le syndicat, sur Twitter.  

 

"Ligne rouge" 

Autre annonce d’Emmanuel Macron : la tarification des médecins. Alors que les représentants souhaitaient une revalorisation du tarif de la consultation, le Président a déclaré vouloir "sortir d'un financement à l'acte" pour aller vers un "financement à la mission". Le SML s’y est formellement opposé : "Il n’est pas question que les praticiens libéraux acceptent d’être payés autrement qu’à l’acte. C’est une ligne rouge." MG France appelle quant à lui à une "une revalorisation non-conditionnelle de leurs tarifs pour répondre à la colère des médecins et aux inquiétudes légitimes des patients". En revanche, le syndicat demandait une revalorisation des actes dits complexes, alors que "la solution retenue [par le Président, NDLR] consiste à mettre en avant les soins non-programmés brefs, simples et répétés".

La demande des syndicats était également d’embaucher davantage d’assistants ou de secrétaires médicaux pour se délester de la charge administrative. Le Président a assuré que 10 000 assistants médicaux seraient engagés d’ici fin 2024. Mais c’est insuffisant pour le SML. "Ce n’est pas 10 000 assistants médicaux subventionnés qui vont régler le problème de la surcharge administrative quand il nous faut embaucher 40 000 secrétaires médicales et assistants médicaux."

Au sujet de la téléconsultation, le Gouvernement a dit vouloir supprimer la contrainte des 20% du volume d'activité annuel d’un médecin. MG France s’y oppose. Le syndicat demande de limiter "l’accès aux téléconsultations" qui peuvent "aboutir à des dérives inquiétantes pour la qualité de la prise en charge des patients”. Pourtant, le Gouvernement a "décidé d'ouvrir les vannes aux officines...

spécialisées dans ces pratiques". Autre lutte des syndicats : les lapins posés par les patients. Le Président a assuré qu’un "travail" serait lancé avec l’Assurance maladie pour "mettre fin à cette irresponsabilité". Le SML a dénoncé de "bien maigres annonces" contre ce fléau pour les professionnels de santé. 

 

"Leçon de morale"

Dans un communiqué, la Fédération des médecins de France (FMF) a, elle, dénoncé les propos du Président de la République. "Nous avons eu droit à une leçon de morale, car selon notre Président, les médecins libéraux ne feraient plus de gardes, ne prendraient plus de nouveaux patients et mettraient trop de temps pour manger le midi", fustige le syndicat. "L’esclavage est aboli en France et dans le monde depuis longtemps !" La FMF demande toujours une "rémunération au tarif européen de tous les actes médicaux". "Nous ne voulons pas être comme les agriculteurs qui nourrissent la France et qui dépérissent."  

En plus des médecins libéraux, le Président de la République s’est aussi adressé au personnel hospitalier. Il veut réorganiser l’hôpital d’ici le 1er juin. La Fédération hospitalière de France (FHF) a salué cette initiative. "Le Président de la République a prononcé un discours précis, ambitieux, qui pose le bon diagnostic et n'a éludé aucun sujet." Le syndicat se dit également favorable à la sortie de la tarification à l’activité au profit d’objectifs de santé publique. Mais il faut "que le même modèle s'applique à l'hôpital public comme au secteur privé, pour éviter un système à deux vitesses délétère pour les patients et les soignants". Seuls trois points sont à surveiller selon le syndicat : "la réforme du temps de travail", "le tandem administratif/médical" et "le message de sensibilisation des patients". 

Les syndicats des étudiants en médecine ont également réagi aux annonces d’Emmanuel Macron, comme l’association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), qui regrette que le salaire des étudiants en médecine réalisant des stages soit inférieur aux autres étudiants français. "Nous demandons 3,90 € par heure, nous sommes à 2 € par heure", avance le syndicat sur Twitter. Il déplore également un manque cruel de professeurs. "En 20 ans, le nombre d'enseignants a augmenté de moins de 10% quand le nombre d'étudiants a augmenté de 250%", poursuit-il. Le syndicat attend un plan d’investissement, malheureusement toujours absent. Pourtant, le Président a annoncé vouloir rémunérer davantage les médecins qui forment des internes. 

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