Bébé mort de faim : son médecin généraliste plaide l’erreur d’appréciation

05/06/2020 Par Marion Jort
Faits divers / Justice

Le médecin traitant de la famille d'un bébé mort de faim en 2013, dont les parents ont été depuis lourdement condamnés, a plaidé jeudi 4 juin l'erreur d'appréciation devant le tribunal correctionnel de Guéret.     Poursuivi pour non-assistance en danger, le médecin généraliste d’un bébé mort de faim à 22 mois, âgé de 62 ans, a plaidé l’erreur d'appréciation lors de son jugement au tribunal correctionnel de Guéret, ce 4 juin.  Toujours en activité, il a affirmé qu’il n’avait “rien vu”. “L'état de Gabin ne m'inspirait pas d'inquiétude. Pendant les consultations, il était toujours propre et bien vêtu. Il était toujours dans les bras de sa mère. J'avais la famille parfaite en face de moi. Elle était très attentive à son enfant. Elle semblait s'occuper parfaitement de Gabin", a poursuivi le médecin.  Alors qu’il l’a vu sept fois en consultation entre janvier 2012 et avril 2013, le médecin a assuré n'avoir "jamais constaté un quelconque signe de danger" sur l'enfant. Entre janvier et juin 2012, le bébé perd 400 grammes et le praticien admet qu'il ne "s'en est pas rendu compte”. Pourtant, d’après l’accusation, le 25 avril 2013, lors de sa dernière visite chez le médecin, "Gabin pesait 8,550 kg. Six semaines plus tard, quand il est mort" aux urgences, le 7 juin,  "il ne pesait plus que 5,825 kg (...) C'est le poids qu'il faisait à trois mois".

“Je me suis fié à l'état visuel... Il est né avec un petit poids mais sa courbe suivait grossièrement la courbe de l'OMS”, s’est défendu le médecin. “Si vous aviez vu, vous auriez pu sauver cet enfant ?", lui a demandé le président pendant l’audience. "Je pense que non. Parce qu'entre la dernière consultation et la mort, sa perte de poids est énorme. Il serait décédé quand même. Les parents sont les seuls responsables dans cette histoire", a-t-il affirmé. Les parents du bébé ont été condamnés, le 15 novembre 2019, à 17 ans de réclusion criminelle. Ils étaient poursuivis pour "privation de soins et d'aliments suivie de mort d'un mineur de 15 ans" et avaient alors affirmé être accaparés par des difficultés de couple et d'argent. Depuis la mort de Gabin, le docteur assure avoir changé sa pratique : "J'essaye de m'intéresser un peu plus à la croissance. Je note tous les poids et les tailles. Je ne m'imaginais pas faire une erreur aussi grossière. Je comprends que les experts puissent être très en colère". Le jugement sera rendu le 2 juillet. [AFP]

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

1 débatteur en ligne1 en ligne
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2