Les antithyroïdiens de synthèse sont associés à un petit risque d’anomalies congénitales

23/05/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Le risque d’anomalies congénitales après exposition in utero aux antithyroïdiens de synthèse reste un sujet très débattu. Les études observationnelles sont contradictoires et les méta-analyses antérieures sont maintenant anciennes et ne tenaient pas compte d’études plus récentes. Cela a conduit une équipe britannique de Cardiff à refaire une revue systématique avec méta-analyse des études ayant analysé le risque d’anomalies congénitales des enfants nés de femmes exposées au carbimazole ou au méthimazole ou encore au propyl-thio-uracile (PTU) ou encore des femmes ayant eu une hyperthyroïdie non traitée pendant la grossesse.

  Seize études de cohorte portant sur 5 957 femmes exposées au carbimazole ou au méthimazole, 15 785 exposées au PTU et 15 666 non traitées ont été analysés. En comparaison des témoins non malades, le rapport de risque ajusté pour les anomalies congénitales est augmenté en cas de traitement par carbimazole/méthimazole (RR = 1.28 ; IC 95 % = 1.06 – 1.54) ou par PTU (RR ajusté = 1.16 ; 1.08 – 1.25). Le risque est un peu supérieur pour le carbimazole/méthimazole en comparaison du PTU (rapport de risque = 1.2 ; 1.01 – 1.43). Une augmentation du risque est aussi observée en cas d’exposition au carbimazole puis au PTU, c’est-à-dire chez les femmes qui ont changé d’antithyroïdien de synthèse au cours de la grossesse (RR = 1.51 ; 1.14 – 1.99). Toutefois, le moment du changement d’antithyroïdien de synthèse était très variable et incluait des changements d’antithyroïdiens de synthèse qui, dans quelques études, avaient eu lieu avant la grossesse. Cependant, le risque absolu reste très faible puisque l’excès d’anomalies pour 1 000 naissances vivantes est de 17.2 chez les patientes exposées au carbimazole/méthimazole, de 9.8 pour l’exposition au PTU et de 31.4 pour l’exposition à la fois au carbimazole et au PTU. Le risque, dans le groupe des femmes hyperthyroïdiennes non traitées, n’est pas différent de celui des témoins (euthyroïdiennes non traitées), ni d’ailleurs de celui des groupes de patientes sous antithyroïdiens de synthèse pendant la grossesse. Le groupe des femmes hyperthyroïdiennes pendant la grossesse mais non traitées était toutefois très hétérogène en termes de statut thyroïdien. Les analyses en sous-groupes montrent plus d’associations positives dans les études avec plus de 500 expositions et jusqu’à un an de suivi. En conclusion, les antithyroïdiens de synthèse sont associés à un petit risque d’anomalies congénitales qui est supérieur pour le carbimazole/méthimazole en comparaison du PTU et ne semble pas être réduit par le changement d’antithyroïdien de synthèse au cours de la grossesse. Compte tenu des limitations majeures concernant les données disponibles, d’autres études sont nécessaires pour clarifier les risques associés à l’hyperthyroïdie non traitée et au changement d’antithyroïdien de synthèse au cours de la grossesse.

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