Le traitement substitutif par testostérone améliore modestement les troubles de la mobilité

09/11/2018 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Des essais cliniques portant sur l’administration de testostérone chez des sujets âgés (Testosterone Trials) ont été menés aux Etats-Unis chez des hommes âgés de plus de 65 ans dont la concentration de testostérone totale était inférieure à 2.75 ng/ml (9.5 nmol/l).

Ces essais ont déjà fait l’objet de plusieurs publications. Cette fois, ce sont les résultats de la sous-étude portant sur la fonction physique qui font l’objet d’une publication dans Lancet Diabetes Endocrinology. Le but de cette étude était d’évaluer l’efficacité de la testostérone sur la mobilité, la fonction physique rapportée par les patients, les chutes et l’impression globale de changement chez les hommes âgés à concentrations basses de testostérone et qui rapportaient une baisse de la mobilité et une vitesse de marche de moins de 1.2 m/s. Globalement, ces essais cliniques ont inclus 790 hommes de plus de 70 ans et 390 de ces 790 hommes avaient des troubles de la mobilité, une diminution de la vitesse de marche. Ils ont donc été inclus dans l’étude de fonction physique. Les participants étaient assignés à recevoir soit du gel de testostérone à 1 %, soit un gel placebo et cela de manière quotidienne pendant 12 mois. Ni les participants ni le personnel de l’étude ne connaissaient la nature du gel administré. Le critère d’évaluation principal de l’étude était une augmentation de plus de 50 mètres de la distance parcourue lors du test de marche de 6 minutes. Sur les 790 participants, 395 ont reçu le gel de testostérone, 395 le placebo et sur les 390 participants enrôlés dans l’étude de fonction physique, 193 ont reçu la testostérone et 197 le placebo. La distance au cours du test de marche de 6 minutes s’est améliorée de manière significativement plus importante dans le groupe testostérone en comparaison du groupe placebo si l’on analyse l’ensemble de la population des essais testostérone (comme cela a déjà été rapporté), mais ce n’est pas le cas dans le sous-groupe des patients inclus dans l’étude de fonction physique. Chez les participants des essais testostérone qui n’étaient pas inclus dans l’étude de la fonction physique, la distance au test de marche de 6 minutes s’est améliorée de 8.90 m (IC 95 % 2.2-15.6 m, p = 0.0010). Comme cela a déjà été rapporté, le composant physique du questionnaire SF36 s’est amélioré dans le groupe testostérone en comparaison du groupe placebo chez tous les hommes des essais testostérone mais également chez les hommes inclus dans l’étude de la fonction physique. Chez ceux qui n’avaient pas été inclus dans l’étude de la fonction physique, le composant physique du SF36 s’est amélioré [la taille d’effet est de 4 (1.5-6.5) ; p = 0.0019]. Les hommes traités par testostérone qui avaient une vitesse de marche au départ ≤ 1.2 m/s ont eu une amélioration significativement supérieure de la distance lors du test de 6 minutes (effet du traitement = 14.2 m ; 6.5-21.9 ; p = 0.0004) et dans le composant physique SF36 (4.9 ; 2.2-7.7 ; p = 0.0005) en comparaison des hommes traités par placebo. Les hommes traités par testostérone qui rapportaient une limitation de la mobilité ont montré une amélioration significativement supérieure de la distance au cours du test de 6 minutes (7.6 m ; 1-14.1 ; p = 0.0237) et du composant physique du SF36 (3.6 ; 1.3-5.9 ; p = 0.0018) en comparaison des hommes traités par placebo. Les hommes du groupe testostérone ont eu une amélioration perçue de leur capacité à marcher supérieure à celle des hommes traités par placebo, aussi bien pour les hommes inclus dans l’essai fonction physique (taille de l’effet = 2.21 ; 1.35-3.63 ; p = 0.0018) que chez ceux qui n’ont pas été inclus dans l’étude fonction physique (3.01 ; 1.61-5.63 ; p = 0.0006). Les modifications de la distance au cours du test de marche de 6 mn étaient significativement associées aux modifications de la testostérone, de la testostérone libre, de la dihydrotestostérone et de l’hémoglobine. La fréquence des chutes au cours de cette période d’intervention était identique dans les 2 groupes de traitement des essais fonction physique (103, soit 27 % dans les 2 groupes, avec au moins une chute). En conclusion, le traitement substitutif par testostérone améliore clairement la capacité à marcher rapportée par les patients, améliore de manière modeste la distance au cours du test de marche de 6 minutes (et cela dans l’ensemble des participants des essais testostérone) mais ne modifie pas les chutes. Les effets de la testostérone sur les mesures de mobilité sont liés à la vitesse de marche de base et à la limitation de la mobilité rapportée par les patients ainsi qu’au changement de testostérone et de concentration d’hémoglobine.

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