Hypercalcémie hypocalciurique familiale et hyperparathyroïdie primaire : différences et similarités

27/05/2016 Par Pr Philippe Chanson

L’hypercalcémie hypocalciurique familiale (HHF) connue aussi sous le terme d’hypercalcémie familiale bénigne, est une maladie autosomique dominante au cours de laquelle une hypercalcémie est associée à une hypocalciurie. Son mécanisme fait intervenir une anomalie génétique, soit une mutation du gène du récepteur du calcium (HHF de type 1), soit une mutation de la protéine Ga11 (responsables de l’HHF de type 2), soit enfin une mutation du gène AP2S1 qui code pour une protéine adaptatrice cruciale pour l’endocytose des protéines de membrane comme le récepteur du calcium ou la Ga11 (responsable de l’HHF de type 2). L’équipe de l’Hôpital Européen Georges Pompidou (Paris) a comparé les phénotypes de ces trois pathologies familiales qui sont responsables d’une hypercalcémie avec une PTH non freinée avec celui des hyperparathyroïdies primaires qui sont liées à un adénome ou à une hyperplasie des glandes parathyroïdes responsable d’une sécrétion pathologique de PTH et qui est traitable chirurgicalement. Cependant, en cas d’hyperparathyroïdie primaire, si la calcémie est élevée et que la PTH est élevée, la calciurie est en général elle aussi élevée alors qu’elle est plutôt basse chez les patients ayant une HHF. Dans 133 familles, 101 mutations du gène du récepteur du calcium ont été détectées dont 68 n’étaient pas préalablement connues et dans 19 familles, les 3 mutations récurrentes habituelles d’AP2S1 ont été retrouvées. Aucune mutation du gène de la sous-unité a11, GNA11 n’a été trouvée. Les patients qui avaient une HHF de type 3 (mutation AP2S1) avaient des concentrations de calcium plus élevées que les patients avec une HHF de type 1 (mutation du gène CASR) alors qu’ils avaient des concentrations de PTH similaires et une excrétion de calcium urinaire similaire. Les taux de réabsorption du calcium au niveau tubulaire rénal étaient supérieurs chez les patients ayant une HHF de type 3 en comparaison de ceux qui avaient une HHF de type 1. Les calcémies étaient supérieures alors que les concentrations de PTH et la calciurie étaient inférieures chez les patients ayant une HHF en comparaison des patients ayant une hyperparathyroïdie primaire. Cependant, les calciuries, les calcémies et les PTH se chevauchaient entre certains des patients ayant une hyperparathyroïdie primaire et certains patients ayant une HHF, augmentant encore le risque de confusion entre l’hypercalcémie familiale hypocalciurique et l’hyperparathyroïdie primaire. La valeur de la calciurie (haute pour les hyperparathyroïdies, basse pour les HHF) pour établir le diagnostic différentiel entre les deux pathologies n’est donc peut-être pas aussi absolue qu’on le disait… et le diagnostic entre les deux peut être difficile !

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