Repérer la douleur des personnes âgées

Toutes les catégories de la population sont concernées par la douleur. Mais sa prévalence augmente avec l’âge. Chez les personnes âgées, elle est particulièrement élevée. Cela constitue une problématique majeure du fait du vieillissement démographique. Les personnes âgées de plus de 65 ans représentent en effet actuellement 17 % de la population française; mais les projections démographiques font état d’une augmentation de 25 % des sujets de plus de 75 ans d’ici 2025.
Les patholgies arthrosiques, principales causes
Dans cette catégorie de la population, il s’agit principalement d’une douleur chronique. 50 % des 65-84 ans vivant à leur domicile ressentent ainsi des douleurs physiques d’intensité importante, si l’on en croit le rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) de 2010 sur l’état de santé de la population en France. En institution, les chiffres sont même supérieurs comme le confirme une étude de 2001 (Pickering G, et al. Aging (Milano). 2001 févr;13(1):44-8) qui montrait que la douleur chronique concerne 50% à 93% des personnes vivant en institution. En fin de vie, 80% des personnes seraient concernées par la douleur.
Elle entraîne une limitation fonctionnelle pour 42 % des sujets âgés et même 65 % des 85 ans et plus, selon le rapport de la Drees. La douleur chez les personnes âgées est essentiellement d’origine rhumatismale (70%). En particulier, les pathologies articulaires dégénératives comme l’arthrose sont de grandes pourvoyeuses de syndrome douloureux. Elles augmentent de façon exponentielle au cours du vieillissement. Le cancer serait à l’origine de 4% de l’ensemble des douleurs chroniques du sujets âgé. La douleur neuropathique ne doit pas être négligée. Sa prévalence chez le sujet âgé a longtemps été largement sous-estimée. Elle est actuelement évaluée à plus de 20 % dans l’arthrose (French et al., 2017) et toucherait jusqu’à 48 % de patients âgés vivant à domicile selon une étude finlandaise (Rapo-Pylkko et al., 2015). "Cette prévalence élevée est importante, car la douleur neuropathique est un facteur de déclin fonctionnel avec souvent perte d’autonomie et dépendance“, souligne le Pr Gisèle Pickering (Clermond-Ferrand) dans le Livre Blanc de la douleur 2017 rédigé par la Société française l’étude et de traitement de la douleur (SFETD).
La douleur aiguë est à l’origine de 30% des urgences gériatriques. Elle est aussi souvent atypique ou absente chez les personnes âgées (Gibson S, et al. Clinics in Geriatric Medicine 2001. 17:433-56).
Des présentations variées et atypiques
La souffrance chronique, particulièrement importante dans cette population, est un facteur important d’amplification de la vulnérabilité physique et psychique dans cette population. Les conséquences de la douleur sont multiples...
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