Maladie

Maladies neurocognitives : des recommandations pour la prise en charge des symptômes psychologiques et comportementaux

L’accent est mis sur les traitements non pharmacologiques et la nécessité d’intervenir le plus précocement possible.

28/04/2025 Par Marie Ruelleux-Dagorne
Neurologie Gériatrie
Maladie

Fin septembre 2024, de nouvelles recommandations pour la prise en charge des symptômes psychologiques et comportementaux (SPC) dans les maladies neurocognitives ont été publiées par la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), la Fédération des centres mémoire (FCM) et la Société francophone de psychogériatrie et de psychiatrie de la personne âgée (SF3PA). Les dernières recommandations nationales dans ce domaine, éditées par de la Haute Autorité de santé, dataient de 2009. Elles sont le fruit d’une collaboration pluridisciplinaire inédite qui repose sur l’avis d’une centaine d’experts et vise à offrir des réponses actualisées et un cadre de référence pour améliorer la prise en charge des patients atteints de maladies neurocognitives. «Ce travail n’a été rendu possible que grâce à la participation de plus de 150 experts d’horizons très variés et d’associations de patients qui ont œuvré pour une vision globale et intégrée de la prise en charge des SPC», s’enthousiasme la Pre Maria-Eugenia Soto-Martin, gériatre au CHU de Toulouse et cocoordinatrice de ces recommandations aux côtés du Dr Jean Roche, psychiatre et gériatre au CHU de Lille.

«Un des objectifs essentiels de ces nouvelles recommandations est d’optimiser les soins de ces patients, leur qualité de vie ainsi que celle de leur entourage et des professionnels qui les accompagnent. Il y a pour cela la volonté d’aider aussi bien les médecins spécialistes qui prennent en charge ces patients traditionnellement – psychiatres, gériatres, neurologues – mais aussi d’autres spécialités, comme les médecins généralistes et les urgentistes. Elles s’adressent également à tous les professionnels de santé travaillant auprès des personnes atteintes de maladies neurocognitives et présentant des SPC comme les infirmières, les ergothérapeutes, les kinésithérapeutes, et les psychologues… et ce que le patient soit en Ehpad, à domicile ou encore à hôpital», résume la gériatre.

 

Des recommandations pragmatiques

L’idée est de se rapprocher de la «vie réelle» de ces personnes et de leur entourage. «C’est pour cette raison que nous avons voulu donner un caractère très pragmatique à ces nouvelles recommandations, qui sont désormais plus faciles à implémenter sur le terrain grâce à des tableaux et des algorithmes pour l’aide à la prescription des traitements pharmacologiques et non pharmacologiques, quel que soit le lieu de vie du patient. Elles se devaient d’être facilement applicables, même pour les médecins non spécialistes du sujet. Nous avons, par conséquent, mis en place un QR code qui permet un accès direct à ces outils. En outre, le chapitre sur la gestion et le suivi de la “crise comportementale” vise à faciliter la prise en soins en milieu hospitalier mais aussi en Ehpad ou à domicile», détaille la cocoordinatrice.

 

Priorité aux traitements non médicamenteux

Les traitements non pharmacologiques constituent la première ligne de traitement des SPC, reléguant les médicaments à la seconde place en raison de leurs limites en termes d’efficacité et de tolérance. «Ces recommandations visent de nombreuses approches non médicamenteuses et tout particulièrement la formation des aidants naturels et des professionnels, car il s’agit de la mesure la plus efficace de toutes», explique la Pre Soto-Martin. On retrouve ensuite la musicothérapie, la stimulation cognitive, l’activité physique adaptée, entre autres.

 

Identifier les signes prodromaux de ces SPC

Les dernières recommandations de la Haute Autorité de santé de 2009 ciblaient les SPC perturbateurs qui surviennent souvent à un stade plus avancé de la maladie, et donc trop tardivement pour prévenir leur impact sur le patient et son entourage. Les SPC non perturbateurs comme l’apathie, ou les SPC survenant à un stade débutant de la maladie ou des SPC «légers» par leur fréquence, sévérité et retentissement étaient peu ou pas traités. «Cela explique en partie pourquoi les mesures pharmacologiques et non pharmacologiques ne sont pas efficaces en l’espèce ; la prise en charge de ces SPC reste encore trop tardive», souligne la gériatre. Et d’ajouter : «Il était donc important de mettre l’accent sur une identification précoce des symptômes quels qu’ils soient, mais aussi d’identifier les SPC à des stades très débutants de la maladie, d’où le chapitre sur l’anticipation et la prévention de ces symptômes. Cette approche constitue un véritable changement de paradigme dans la prise en charge de ces patients.» Ce changement de paradigme est nécessaire du fait que l’apparition des SPC entraîne une progression plus rapide de la maladie et une aggravation du pronostic des patients entraînant une augmentation des hospitalisations non programmées, une entrée en institution précoce et une morbimortalité croissante. 

Enfin, un axe sur les perspectives de recherche thérapeutique pour les SPC – et notamment sur les stades précoces de la maladie (trouble comportemental léger) – était également souhaité.

 

Références :

D’après les propos de la Pre Maria-Eugenia Soto-Martin (CHU de Toulouse).

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