FMC : 10 points clésHypothyroïdie : les signes cutanés

Les signes cutanéo-phanériens et l’infiltration cutanéo-muqueuse peuvent faire évoquer le diagnostic de cette pathologie fréquente.

Dr Ludivine Gressier
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    Point formation n°1

    L’hypothyroïdie est une affection fréquente dont la prévalence est de 2-3 % dans les pays occidentaux, avec un sex-ratio de 10 femmes pour 1 homme. Les manifestations cliniques de l’hypothyroïdie sont longtemps frustes et se démasquent progressivement, jusqu’à de rares complications graves (insuffisance cardiaque, athéromatose, troubles de l’humeur, état dépressif ou mélancolique, pseudodémence, infertilité, coma myxoedémateux) en l’absence de diagnostic précoce.

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    Les étiologies sont périphériques (insuffisance thyroïdienne) ou centrales (insuffisance thyréotrope s’intégrant généralement dans un tableau d’insuffisance hypophysaire). Les insuffisances thyroïdiennes sont largement dominées par les étiologies auto-immunes et tout particulièrement par la thyroïdite de Hashimoto, caractérisée par un goitre lié à une infiltration lymphoplasmocytaire de la glande avec présence d’anticorps antithyropéroxydase (anti-TPO). Les autres étiologies sont représentées essentiellement par les carences iodées, responsables de goitres volumineux et crétinisme, plutôt réparties en zone d’endémie goitreuse (Afrique centrale, Népal), les étiologies iatrogènes médicamenteuses (iode, amiodarone, lithium, antithyroïdiens de synthèse), chirurgicales ou post-radiothérapie ou encore de rares infiltrations de la glande thyroïdienne (lymphome, sarcoïdose, tuberculose…).

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    Le diagnostic, dans les formes périphériques, est posé sur l’élévation de la thyréostimuline (TSH) et baisse de la thyroxine libre, T4L, qui caractérise également la profondeur de l’hypothyroïdie.

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    Les signes cliniques cutanéo-phanériens ainsi que l’infiltration cutanéo-muqueuse peuvent faire évoquer le diagnostic avant ou concomitamment aux signes d’hypométabolisme : ralentissement global physique et psychique, frilosité et baisse de la sudation, prise de poids malgré une baisse de l’appétit, bradycardie, crampes, constipation, aménorrhée, baisse de la libido…

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    Le myxoedème, signe classiquement décrit, se constitue tardivement et correspond à une infiltration cutanée diffuse donnant un aspect de pseudo-oedème ne prenant pas le godet, un teint cireux, un visage lunaire, une infiltration des paupières, des joues tombantes, des lèvres gonflées. On note également un comblement des creux sus-claviculaires, une infiltration des extrémités avec doigts et orteils boudinés, cyanosés, un syndrome du canal carpien. On peut également noter une pseudo-hypertrophie musculaire avec une diminution de la force musculaire, des myalgies et des crampes. L’infiltration muqueuse induit une macroglossie, une infiltration laryngée avec raucité de la voix, une dysarthrie, une hypoacousie, des ronflements. Le myxoedème ne doit pas être confondu avec le myxoedème prétibial, caractéristique, lui, de l’hyperthyroïdie de Basedow et qui correspond à une mucinose dermique de localisation préférentiellement prétibiale, cliniquement caractérisée par des placards bien circonscrits rose-jaunâtres, indolores, d’aspect « peau d’orange ».

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    La peau est globalement sèche, avec hyperkératose épidermique, diminution des sécrétions sébacées et sudorales, jusqu’à réaliser un tableau d’eczéma craquelé, voire de kératodermie palmoplantaire. On note une fragilité cutanée, des ecchymoses, des retards de cicatrisation.

  7. 07

    Il est également possible de noter une caroténodermie, coloration orangée palmoplantaire, par défaut de conversion du carotène en vitamine A.

  8. 08
    Point formation n°8

    Concernant les hypothyroïdies congénitales non dépistées, aussi appelées crétinismes, s’associent, aux troubles cutanés et au ralentissement métabolique, des troubles psychomoteurs, musculaires et une déficience intellectuelle. Celle-ci est dépistée en France par le diagnostic néonatal. Dans les hypothyroïdies juvéniles non substituées, prévenues par l’enrichissement en iode du sel alimentaire, peut se développer un nanisme dysharmonieux.

  9. 09

    La pilosité est également impactée : cheveux secs et cassants, diminution de la pilosité axillaire et pubienne, dépilation de la queue du sourcil (signe de Hertoghe). On note également des ongles cassants.

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    L’association des thyroïdites auto-immunes à l’urticaire chronique spontané (UCS) est à connaître : de forte prédominance féminine, elle justifie d’un dépistage par des dosages de TSH répétés. La plupart des associations concernent la thyroïdite de Hashimoto, avec mise en évidence d’anticorps anti-TPO. La correction de l’hypothyroïdie ne semble pas ou peu efficace sur la correction des symptômes d’urticaire bien qu’il n’existe que des études ponctuelles ; de même, l’évolution de l’UCS semble plus sévère dans les formes associées aux thyroïdites auto-immunes.

Références :

- Bagnasco M, et al. Urticaria and thyroid autoimmunity. Thyroid 2011;21(4):401-10.

Le Dr Ludivine Gressier déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.