Un "choc d'attractivité" : le Gouvernement débloque 1 milliard d'euros pour revaloriser les soignants à l'hôpital

01/09/2023 Par Marion Jort
Le Gouvernement a annoncé jeudi 31 août un total de plus d'un milliard d'euros de revalorisations pour les soignants, en faveur notamment du travail de nuit et le dimanche. Voici ce qu’il faut retenir.  

Après un été où l'hôpital et en particulier les urgences ont été sur le fil du rasoir, la réponse de l'exécutif pour tenter de conjurer la crise était attendue au tournant par le monde de la santé. "On a besoin de votre aide pour tenir", a ainsi déclaré un médecin régulateur du Samu de Seine-Maritime à la Première ministre, Elisabeth Borne, en visite jeudi 31 août soir à Rouen.  

En réponse, la cheffe du Gouvernement a annoncé qu’une nouvelle enveloppe d’1 milliard d’euros allait être débloquée avec à la clef la promesse d'un "choc d'attractivité", selon Matignon. Pour Elisabeth Borne, "l'enjeu" est de reconnaître ces "contraintes particulières qu'ont les médecins" et soignants à l'hôpital : "le travail de nuit, le dimanche et les jours fériés". 

Au total, l’enveloppe débloquée par le Gouvernement est de 1,1 milliard d’euros : 600 millions correspondent à des revalorisations déjà annoncées mais qui sont "pérennisées" et 500 millions concernent de nouvelles mesures, qui seront inscrites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2024, a précisé Matignon. 

 

Les infirmières et les aides-soignantes revalorisées  

Pour fidéliser les personnels paramédicaux, qui fuient de plus en plus l'hôpital, "on va majorer de 25% la rémunération pour les aides-soignantes, les infirmières", a d’abord annoncé Elisabeth Borne. Pour les personnels non-médicaux, le Gouvernement prévoit aussi une hausse de 20% de l'indemnité pour travail du dimanche. 

 

Les gardes et astreintes des médecins augmentées  

Quant aux médecins, "on va pérenniser l'augmentation de 50% des gardes qu'on avait expérimentée depuis l'été dernier, et elle va s'étendre à tous les médecins, aussi bien du public que du privé", a déclaré Elisabeth Borne. 

Dernière mesure les concernant : les rémunérations des astreintes des médecins de l'hôpital public vont être "alignées" sur celles du privé.  

Selon le ministère de la Santé, ces revalorisations concernent aussi le personnel du Samu et donc les assistants de régulation médicale, en grève depuis début juillet pour demander une meilleure reconnaissance face à une "explosion" du nombre d'appels ces derniers mois. 

Enfin, dernière mesure annoncée par Elisabeth Borne : la possibilité pour tous les pharmaciens, sous conditions, de prescrire directement des antibiotiques aux patients atteints d'infections urinaires ou d'angines après réalisation d’un Trod. Jusqu’alors, les pharmaciens devaient obligatoirement faire partie d’une CPTS ou d’une MSP.  

Aujourd'hui, "on a tous les leviers" pour "mettre ce coup de pied au fond de la piscine, ressortir la tête de l'eau", a conclu Aurélien Rousseau. La Fédération des hôpitaux de France (FHF) a réagi en se félicitant d'un "signe fort" demandé "de longue date". Pour Agnès Ricard Hibon, porte-parole de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), "ces revalorisations ciblent les périodes à forte pénibilité" et vont "dans le bon sens". Mais "tout n'est pas une question d'argent", et il faut aussi améliorer les conditions de travail, a-t-elle dit à l'AFP. "Le Ségur était un premier pas de rattrapage, là on fait un deuxième pas, mais on en a une centaine de retard", a commenté Jean-François Cibien, président de l'intersyndicale Action Praticiens Hôpital (APH), pour qui des efforts supplémentaires seront encore nécessaires. 

[avec AFP]  

3 débatteurs en ligne3 en ligne
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10,7 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
« Choc d’attractivité ! » Ce qui serait déjà bien, c’est d’arrêter de se gaver de formules. L’attractivité, c’est surtout la manière dont on gère les conditions de travail. C’est encore l’écoute que l’on porte aux professionnels de santé. C’est bien sûr aussi la rémunération de ces professionnels. Alors mieux rémunérer le travail de nuit des soignants et des médecins: évidemment ! Une revendication formulée depuis longtemps qui est enfin entendue, reconnaissant la pénibilité autrement que par une prime qui n’avait rien à voir avec l’engagement que cela représente et qui n’était pas prise en compte dans le salaire et la retraite. Idem pour les dimanches et jours fériés. Mais reconnaître la pénibilité, ce n’est pas y remédier! Et y remédier c’est renforcer les effectifs donc rouvrir des postes et des lits d’hospitalisation pour qu’une journée ou une nuit de travail ne soit plus un parcours du combattant dont on sort « rincé » physiquement et à force, épuisé moralement et psychologiquement. Il faut stopper cette tendance à considérer que le travail à flux tendu est « la » solution: l’industrie en temps de crise l’a bien montré. Le flux tendu génère des ruptures d’approvisionnement pour les marchandises. La santé n’est pas une marchandise même si c'est un investissement. C’est pourtant ce que l’on a « vendu » comme concept avec « l’hôpital entreprise » et sa pléthore d’économies et de « petits chefs » pour la contrôler. Après « on » s’étonne que le patient se conduise comme un consommateur de soins et on le fustige de la même façon qu’on fustige le « profiteur » de concurrence qu’est l’intérimaire. STOP! La santé est un bien commun, une référence dans la considération que l’on porte aux faibles (malades et personnes âgées et/ou vulnérables). C’est cette reconnaissance qui est indispensable à valoriser, y compris mais pas seulement dans la rémunération. Est ce que « le » milliard est suffisant ? Je suis loin d’en être sûr .
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1,8 k points
Débatteur Passionné
Etudiant en Médecine Humaine
il y a 2 ans
Mes consœurs et confrères, mes collègues hospitaliers méritent plus.
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17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Excusez-moi Egora, où est le paragraphe concernant les médecins généralistes libéraux ?
 
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