Ces généralistes qui renoncent aux vacances de Noël, faute de remplaçants

23/12/2021 Par S. B.
Alors que la pression hospitalière est à son comble et que les cas de Covid ne cessent d'augmenter, de nombreux généralistes prévoient de faire l'impasse sur les vacances de Noël. Trouver un remplaçant pendant les fêtes de fin d'année relève presque du miracle de Noël… 

"Les médecins ont une conscience professionnelle qui fait qu'ils n'abandonnent pas leur patientèle." Cette année, le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, ne va pas fermer son cabinet pendant les fêtes de fin d'année. Au mois de septembre dernier, il a essayé, en vain, de trouver un remplaçant. C'était déjà trop tard… "Nous sommes 50.000 médecins généralistes et il y a 10.000 remplaçants, le calcul est vite fait", commente-t-il.  

Si le généraliste sera bien présent pendant les fêtes, ça n'est pour répondre à la demande de Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF). Ce dernier avait déclaré dans l’émission Les 4 vérités de Télématinque"l’hôpital ne peut pas être le seul rempart contre l’épidémie", appelant l’ensemble des soignants (libéraux et professionnels du privé) à se mobiliser pour éviter la surcharge de l’hôpital. "Il faut peut-être que l’on reporte des congés aussi dans la médecine de ville pour faire face à ces derniers jours de l’année qui vont être compliqués", avait suggéré le président de la FHF. 

 

"Souffler" 

Des propos qui avaient grandement agacés le Dr Jacques Battistoni. "Pendant les fêtes, l'activité est soutenue mais encore gérable. Le fait que les médecins partent en vacances ou non ne va pas changer grand-chose", estime le président de MG France. "Il faut respecter la nécessité pour les médecins de souffler", ajoute-t-il.  

Pourtant, face au regain de l'épidémie de Covid et des virus hivernaux, le président de l'Ordre national des médecins avait appelé à la présence des médecins auprès de leurs patients. "Nous allons devoir, dans une période où comme tous les Français nous aspirons à nous retrouver avec les nôtres, assurer la permanence des soins, la continuité des soins dans tous les exercices et sacrifier de notre temps familial pour être présents" malgré l’épuisement, le découragement et la colère, avait expliqué le Dr Bouet dans un vidéo. "Ne laissons pas ceux qui, bien à l’abri, jugent les professionnels et appellent à mettre en œuvre des mesures coercitives...

tant en ambulatoire qu’à l’hôpital, la faciliter de chercher ailleurs les responsabilités qui leur incombent", avait-t-il toutefois ajouté, taclant les propositions de Frédéric Valletoux. "Nous savons où est notre devoir, il est près des patients et des familles qui souffrent, et n’avons nul besoin qu’on nous le rappelle", avait-il ajouté.  

Les réactions outrées de médecins face aux propos du Dr Bouet avaient déferlé dans les commentaires d'Egora. "Les (im)patients d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec les patients que j'ai connus (j'ai 64 ans) : rdv non honorés et pas annulés pour laisser sa place à un autre, ne s'excusant même pas au rdv suivant, langage revendicatif parfois menaçant de porter plainte, ... et j'en passe. Alors non, je ne sacrifierais pas ma semaine de vacances de Noël, ni les autres", avait commenté un lecteur. "Quant aux vacances et bien je prends 14 jours car je suis épuisé et que les malades n'ont plus rien à faire des médecins qu'ils considèrent taillables et corvéables à merci", avait ajouté un autre Egoranaute. 

 

 

Casse-tête 

Pourtant comme chaque année, que le Covid explose ou non, les médecins s'organisent. "Nous faisons en sorte qu'il y ait toujours un médecin disponible sur le secteur. Ceux qui prennent Noël ne prennent pas le jour de l'an. J'ai des confrères qui souhaitaient partir en vacances mais n'ont pas trouvé de remplaçant, alors ils resteront au cabinet", indique le Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF.  

Car si chaque année, la possibilité de trouver un remplaçant vire au casse-tête, cette année d'autant plus. De nombreux remplaçants se sont investis dans les centres de vaccination contre le Covid, les rendant, de fait, indisponibles. "Ça augmente un peu plus la tension, mais nous ne sommes pas au niveau de cet été où la situation était encore plus tendue", analyse le Dr Battisoni. Même constat pour le Dr Le Sauder. "Cet été, tous les remplaçants étaient en centre de vaccination, mais ils ont baissé les tarifs donc il y en a un peu plus de disponibles en cabinets pour Noël", constate-t-elle.  

Du côté du...

Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants (ReAGJIR), la situation est stable. "Il y a un manque de remplaçants chronique, mais nous avons moins de plaintes que cet été", constate sa présidente, le Dr Agathe Lechevalier.  

Deux sondages mis en ligne sur notre site Internet ont montré qu'à un mois de Noel, 56% des médecins interrogés n'avaient pas trouvé de remplaçant pour leurs congés de fin d'année. 

Un second sondage a mis en avant que malgré la situation sanitaire et les recommandations du président de l'Ordre ou de la FHF, 73% des médecins n'envisagent pas de reporter leurs vacances. 

 

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