FMC : 10 points clésSevrage tabagique : la place de la cigarette électronique

Les traitements validés, comme les agonistes partiels de la nicotine, la varénicline ou le bupropion, sont à utiliser en première intention.

Dr Sven Günther
  1. 01
    Point formation n°1

    Le tabagisme actif est la première cause évitable de nombreuses pathologies respiratoires, notamment du cancer bronchopulmonaire et de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). La consommation de tabac aggrave également les pathologies asthmatiques. On compte environ 16 millions de fumeurs en France, et 78 000 décès par an sont attribués au tabagisme.

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    L’arrêt du tabagisme actif est toujours bénéfique, notamment pour les patients porteurs de maladies respiratoires et/ou cardiovasculaires.

  3. 03

    La Haute Autorité de santé (HAS) recommande à chaque professionnel de santé de dépister le statut tabagique de chaque patient, et chaque consultation médicale doit pouvoir être l’occasion d’un conseil concernant le sevrage du tabagisme. La prise en charge diagnostique du fumeur se fait par l’interrogatoire, évaluant la consommation, ycompris la quantité calculée en paquets-années, l’âge de début du tabagisme, etc. La dépendance physique liée au tabac sera évaluée par le test de Fagerström. Il convient également de rechercher des éventuels symptômes de sevrage à type d’irritabilité, de troubles de l’humeur ou d’anxiété.

  4. 04

    Certains traitements sont validés pour l’aide au sevrage tabagique : les substituts nicotiniques ou les agonistes partiels de la nicotine, la varénicline et le bupropion. Ces produits doivent être prescrits en première intention avant l’utilisation de la cigarette électronique.

  5. 05

    La cigarette électronique est arrivée en Europe dans des années 2000. Elle comprend une batterie qui apporte l’énergie nécessaire pour chauffer une résistance qui est entourée de textile pour la garder humidifiée. La résistance est placée dans un réservoir (cartomiseur). Les liquides pour la cigarette électronique sont composés d’un solvant organique (propylène glycol et/ou glycérine végétale), d’une préparation aromatisante et éventuellement de nicotine avec une concentration maximale de 20 mg/ml, ou sans nicotine. Les liquides pour la cigarette électronique doivent être inscrits en France six mois avant leur commercialisation à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

  6. 06

    Un travail publié récemment concernant l’utilisation de la cigarette électronique chez les jeunes adultes et adolescents recommande de protéger cette population particulièrement vulnérable, avec une interdiction de vente des e-cigarettes aux jeunes dans le monde entier. Les adolescents sont très sensibles à la dépendance à la nicotine, qui affecte le développement cérébral, même chez ceux qui fument rarement. Les jeunes qui deviennent dépendants à la nicotine risquent davantage de devenir des consommateurs de tabac à vie.

  7. 07

    Le sujet doit être abordé par chaque professionnel de santé auprès des adolescents et jeunes adultes. En cas d’utilisation, il a été montré que la cigarette électronique est associée à une probabilité accrue d’initiation ultérieure du tabagisme, et les jeunes sont plus susceptibles de fumer des cigarettes plus tard dans leur vie par rapport à ceux qui n’ont pas déjà utilisé la e-cigarette.

  8. 08
    Point formation n°8

    Chez les adultes, l’existence de cas de toxicité pulmonaire rapportée aux États-Unis après utilisation de cigarettes électroniques a motivé deux sociétés savantes françaises, la Société de pneumologie de langue française (SPLF) et la Société francophone de tabacologie (SFT), à résumer les connaissances actuelles sur la cigarette électronique fondées sur l’analyse des données publiées.

  9. 09

    Il a été conclu que la cigarette électronique en utilisation normale contient moins de substances toxiques que la fumée du tabac, mais les conséquences cliniques et épidémiologiques à long terme ne sont pas connues. Les 37 décès rapportés aux États-Unis à la date de 31 octobre 2019 sont liés aux liquides que certains utilisateurs de cigarette électronique mettaient dans le réservoir. Dans 80 % des cas, ces liquides étaient fabriqués ou achetés hors du commerce officiel et contenaient des huiles de cannabis, du cannabis synthétique ou d’autres produits assimilés et souvent de l’acétate de vitamine E (interdits en Europe).

  10. 10

    La cigarette électronique est probablement une aide efficace pour arrêter de fumer. Il est estimé que 700 000 fumeurs ont arrêté de fumer en sept ans avec la cigarette électronique seule ou en association avec d’autres aides. Les liquides doivent impérativement être achetés dans des commerces dédiés. La cigarette électronique doit être utilisée de façon transitoire en vue de l’arrêt de la consommation tabagique, car ses effets à long terme ne sont pas connus. La cigarette électronique doit être proscrite chez les non-fumeurs, les adolescents et les jeunes adultes.

Références :

- Ferkol TW, et al. Electronic cigarette use in youths: a position statement of the Forum of International Respiratory Societies. Eur Respir J 2018;51(5):1800278.

Le Dr Sven Günther déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.