Les biologistes s'opposent au dépistage de la syphilis en pharmacie

07/02/2024 Par Aveline Marques
Santé publique
Le Syndicat des biologistes (SDBIO) redoute de voir "passer en force" un arrêté qui élargit la palette de dépistages que les pharmaciens pourront réaliser en officine, notamment la syphilis.

 

"Après la glycémie, le HIV, les hépatites B et C, les bandelettes urinaires, voici la syphilis", s'insurge le SDBIO dans un communiqué diffusé jeudi 1er février. Le Syndicat des biologistes proteste contre un projet d'arrêté élargissant le nombre de dépistages que les pharmaciens d'officine pourront réaliser, et incluant notamment la syphilis. 

 

 

"Est-il raisonnable d’improviser ce dépistage au moyen d’un test sur bandelette (immunochromatographie rapide) sur sang total réalisé en pharmacie, alors même que les performances analytiques (sensibilité et spécificité) suivant les différents stades de la syphilis, ne sont pas toujours évaluées et sous la seule responsabilité du fabricant ?", interpelle le syndicat, qui rappelle qu'en laboratoire, "une technique ELISA de référence sur sérum est employée en routine" pour détecter la présence d'anticorps anti-Treponema pallidum. "Cet examen de laboratoire peut parfois poser des problèmes d’interprétation nécessitant d’avoir recours à une deuxième technique de dosage en cas de positivité, notamment pour distinguer une infection active d’une cicatrice sérologique", pointe le SDBIO.  

 

"Niveau petit chimiste" 

Echaudé par "l'expérience du Covid", le syndicat pointe un risque d'"erreurs, faux positifs ou faux négatifs" généré par ces "tests réalisés dans de mauvaises conditions". Et ce, alors que le dispositif de dépistage des IST sans ordonnance en laboratoire pour les personnes de 26 ans est "en passe d'être généralisé". Et que les laboratoires, eux, sont soumis à une lourde procédure d'accréditation visant à garantir la qualité des soins… 

"Pour un même examen, une même situation clinique de demande de dépistage, la dualité de la biologie médicale devient évidente et de plus en plus insupportable : des exigences de haut niveau de qualité pour les laboratoires et un niveau petit chimiste pour d’autres", taclent les biologistes, qui s'attendent à voir l'arrêté "passer en force" malgré les alertes des professionnels, ordres et sociétés savantes. 

4 débatteurs en ligne4 en ligne
Photo de profil de Eric SEMERIA
2,3 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie plastique reconstructrice et esthétique
il y a 2 ans
Tout à fait d'accord On ne peut pas demander un niveau d'excellence d'un côté et du bricolage (peut être utile) de l'autre Il faut définir la médecine que l'on veut et dire si on peut se la payer La pharmacie a le vent en poupe car elle représente un maillage efficace du territoire mais celà ne fait pas des pharmaciens des professionnels multicompétents et d'ailleurs beaucoup d'entre eux ne le veulent pas Ils le font souvent pour rendre service Je parle toujours de la campagne française On peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le C.. de la femière
Photo de profil de Dominique MARIANI
68 points
Pharmaciens (CNOP)
il y a 2 ans
Il y a là une dangereuse dérive. Les techniques rapides pratiquées par les officinaux ont une faible sensibilité et une faible spécificité, d'où un risque de faux positifs et de faux négatifs. De plus ils n'ont pas la compétence requise pour interpréter les résultats.
Photo de profil de Jacques BRIAND
2,7 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Face à cette délégation à outrance, il y a de quoi être très inquiet pour l'avenir.
 
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