Psychiatrie "en grand danger" dans la Sarthe : un préavis de grève illimitée déposé

08/08/2023 Par L. C.

Alors les psychiatres de la Sarthe ont dénoncé la dégradation dramatique de l'offre de soins dans une tribune parue le 28 juillet, le syndicat Jeunes Médecins vient d’annoncer le dépôt d’un préavis de grève illimitée à compter de ce mardi 8 août, en soutien à ces soignants. Pour Jeunes Médecins, le dépôt de ce préavis de grève illimitée auprès du ministère de la Santé est "une manière de relayer au plus haut niveau de l'État les attentes et revendications locales". Le syndicat entend également "donner des moyens d'agir et de se protéger aux médecins" psychiatres sarthois, qui souffrent de conditions de travail dégradées. Dans une tribune publiée le 28 juillet, psychiatres, généralistes et pharmaciens de l’EPSM (établissement public de santé mentale) de la Sarthe tiraient la sonnette d’alarme sur "la situation dramatique de la psychiatrie" dans leur département : "La pénurie médicale est aujourd’hui à un niveau extrême, mettant en péril l’ensemble de nos dispositifs de soins, tant hospitaliers qu’ambulatoires", écrivaient-ils. "Notre établissement n’est plus à ce jour en mesure d'assurer correctement ses missions auprès des patients en besoin de soins psychiques", déploraient ces professionnels, selon qui "aucune filière n’est épargnée par la forte réduction des moyens humains" : enfants, ados, adultes, personnes âgées… L’EPSM a dû fermer trois unités d’hospitalisation au début de l’été, soit 42 lits. Conséquence "immédiate" : l’accès aux soins hospitaliers a été restreint, ils sont "exclusivement réservés aux patients hospitalisés sous contrainte". "Concrètement, si vous avez une dépression sévère résistante aux traitements antidépresseurs en Sarthe en 2023 avec nécessité d’hospitalisation : ce n’est pas possible à l’EPSM de la Sarthe", s’indignaient ces soignants. Les patients sont maintenus à domicile autant que possible. Certains sont transférés aux urgences du CH du Mans où ils attendent parfois plusieurs jours dans des conditions inadaptées. "L’accès aux consultations médicales – mais aussi infirmières et psychologique – en centre médico-psychologique est de plus en plus restreint et les listes d’attente s’allongent", ajoutaient par ailleurs les auteurs de la tribune. Entraînant une dégradation importante de l’état de santé psychique de certains patients, pris en charge avec un grand retard. "Laisser perdurer cette situation sans alerter la population serait franchir une limite inacceptable : celle de la déshumanisation des soins psychiques pour les patients sarthois, estimaient ces médecins généralistes, psychiatres, pédopsychiatres et pharmaciens. Se laisser imposer un tel niveau de dégradation de l’accueil des personnes en souffrance serait accepter un niveau de maltraitance institutionnelle inenvisageable." Dans un cri de désespoir, ces professionnels de l’EPSM de la Sarthe demandaient "de toute urgence" de l’aide auprès de l’agence régionale de santé, du ministère de la Santé et du Gouvernement et réclamaient des solutions pérennes.   Vague d’arrêts de travail Mais la situation ne s'est guère améliorée. Depuis début août, "les psychiatres de l'EPSM de la Sarthe travaillant sur l'accueil et l'orientation des patients présentant des troubles psychiques ou psychiatriques au centre hospitalier - Le Mans sont en arrêt de travail par épuisement : il n'y a plus de psychiatres aux urgences en Sarthe", selon la Dre Geneviève Hénault. Le CHU d'Angers a été sollicité en renfort, indique France Bleu. Le maire d'Allonnes, Gilles Leproust, où se situe l’EPSM a également lancé un appel à l’aide à Aurélien Rousseau. Dans un communiqué annonçant le dépôt du préavis de grève illimitée, le syndicat Jeunes Médecins demande au locataire de l’avenue de Ségur "de se saisir de cette problématique qui ne peut plus être réglée par la mobilisation unique des praticiens sarthois". Mais aussi de permettre à l’EPSM d’obtenir "un renfort médical de 3 ETP" (équivalents temps plein) "pour subvenir aux besoins a minima en intra-hospitalier". Le syndicat réclame également que "des réponses régionales" soient apportées aux équipes de l’EPSM de la Sarthe. "Alors que les besoins sont évalués à 40 lits par semaine, la mobilisation régionale a permis au début de l'été la création d’un capacitaire de 7 lits au CHU de Nantes et au CESAME réservé aux patients sarthois. Cette aide est essentielle, mais totalement insuffisante !", juge-t-il. En outre, il somme l’ARS de ne pas imposer "l'ouverture d’une unité psychiatrique d'accueil et d'orientation (UPAO) au sein de l’EPSM et sous sa responsabilité" s’il n’existe pas de "ressource supplémentaire médicale et paramédicale en interne".

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Les négociations conventionnelles entre les médecins et l'Assurance maladie doivent-elles reprendre?

Jerry Tulassan

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Non

La négociation est une série d'entretiens, de démarches entreprises pour parvenir à un accord, pour conclure une affaire ou mettre... Lire plus

2 commentaires
Photo de profil de Annie Dehl
328 points
Chirurgiens-Dentistes
il y a 9 mois
La psychiatrie et la médecine en général sont complètement dépassées En France ...Lire plus
Photo de profil de Henri Baspeyre
11,1 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie générale
il y a 9 mois
on devrait extraire les médecins de sécu,ARS,et les mettre au turf!...Lire plus

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