FMC : 10 points clésGastroentérite aiguë chez l’enfant : rechercher des signes de déshydratation

Fréquente et d’évolution généralement favorable, la gastroentérite aiguë est cependant responsable d’une part importante des hospitalisations chez les nourrissons.

Emma Francès
  1. 01
    Point formation n°1

    La gastroentérite aiguë est très fréquente chez l’enfant et le nourrisson : 0,5 à 2 épisodes par an par enfant de moins de 3 ans en Europe. Elles seraient responsables de 7 à 10 % des hospitalisations.
    La gastroentérite aiguë se manifeste par une diarrhée avec des selles plus molles que d’habitude ou liquides, et/ou plus fréquentes. Peuvent s’y associer de la fièvre et/ou des vomissements. Elle est généralement résolue en moins de sept jours.

  2. 02

    L’aspect de la diarrhée peut orienter le diagnostic étiologique. Ainsi, une diarrhée liquidienne évoque une cause virale : rotavirus. Il peut s’agir aussi d’un norovirus, surtout dans les pays pratiquant largement la vaccination contre le rotavirus.

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    La principale complication est la déshydratation. Il faut en rechercher les signes : cernes, yeux creux, peau et muqueuses sèches, soif, pli cutané. Des signes d’hypovolémie doivent être recherchés : tachycardie, oligurie, hypotension artérielle (très tardive et signe de gravité).

  4. 04

    Le diagnostic est clinique. Aucun examen complémentaire n’est nécessaire, sauf en cas de retour
    de pays tropical. Les diagnostics différentiels à évoquer sont : appendicite, allergie aux protéines
    de lait de vache, pyélonéphrite aiguë, accès palustre si retour d’un pays tropical.

  5. 05

    Une diarrhée invasive glairo-sanglante est aussi généralement virale mais peut être bactérienne.
    Les germes en cause sont : Escherichia coli entéro-invasif, Campylobacter jejuni, les salmonelles, les shigelles, et Yersinia enterocolitica.
    Un syndrome hémolytique et urémique doit aussi être évoqué en cas de diarrhée glairo-sanglante, d’altération de l’état général et/ou de prise de poids.

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    La réhydratation est la base de la prise en charge. Elle doit être effectuée par les solutés de réhydratation orale (SRO) achetés en pharmacie, à proposer à l’enfant à volonté, et de façon fractionnée en cas de vomissements.
    Aucun régime n’a fait la preuve d’une efficacité chez l’enfant. En conséquence, une alimentation normale doit être reprise, quel que soit l’âge, au bout de quatre à six heures, en évitant les aliments riches en fibres et les sodas.
    Les produits laitiers et l’allaitement ne sont pas contre-indiqués. Il ne faut donc pas modifier le lait, sauf chez les nourrissons de moins de 4 mois avec forme sévère. Dans cette situation, on proposera un mois d’hydrolysat de protéines de lait de vache.
    On peut utiliser, en association au SRO, des probiotiques (Lactobacillus rhamnosus GG et Saccharomyces boulardii), qui réduiraient la durée et l’intensité des symptômes.
    Et concernant les antidiarrhéiques, le racécadotril, un antisécrétoire intestinal, peut être utilisé chez l’enfant et le nourrisson.
    La diosmectite, un pansement digestif à base d’argile, ne doit pas être utilisée chez l’enfant de moins de 2 ans.
    Le lopéramide, un ralentisseur du transit, ne doit pas être utilisé chez les moins de 8 ans.
    Enfin, il existe des antidiarrhéiques dits d’origine microbienne qui visent à restaurer la flore intestinale.

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    En cas de diarrhée glairo-sanglante, le principal risque est la dissémination septique, surtout sur des terrains favorisants (immunodépression, drépanocytose, âge de moins de 3 mois, pathologie digestive sous-jacente, mucoviscidose). Ces situations constituent des indications à l’hospitalisation pour surveillance et éventuellement antibiothérapie IV après coprocultures.

  8. 08
    Point formation n°8

    Une hospitalisation est nécessaire en cas d’échec du traitement, d’intolérance alimentaire totale,
    ou de déshydratation sévère, pour mise en place d’une réhydratation entérale.

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    La prévention repose sur la vaccination contre le rotavirus. Deux vaccins per os sont disponibles
    et recommandés : Rotarix (2 doses) et RotaTeq (3 doses).

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    En cas de vomissements isolés, d’autres diagnostics doivent être évoqués. Chez le nouveau-né : volvulus du grêle sur mésentère, sténose du pylore entre 3 semaines et 3 mois. Chez le nourrisson : causes infectieuses, neurologiques (hématome sous-dural, tumeurs cérébrales...), chirurgicales (hernie inguinale, appendicite), allergiques (protéines de lait de vache), métaboliques, endocriniennes (cétose de jeûne, diabète insulinodépendant).