Surestimation du risque de tumeur cérébrale secondaire après radiothérapie cérébrale pour adénome hypophysaire ou craniopharyngiome

09/09/2022 Par Pr Philippe Chanson
Cancérologie
Dans l’algorithme de prise en charge des patients présentant un adénome hypophysaire ou un craniopharyngiome, la radiothérapie reste un recours intéressant. Qu’il s’agisse des adénomes (principalement des adénome non fonctionnels) ou des craniopharyngiomes, en présence d’un reliquat tumoral ou en cas de récidive de la tumeur, en l’absence de traitement médicamenteux efficace, la radiothérapie permet de bloquer la progression tumorale.

Cependant, le risque de tumeur cérébrale secondaire, radio-induite, n’est pas sans poser des problèmes, en particulier lorsque l’irradiation a été faite pour une tumeur bénigne et que se développent des tumeurs secondaires malignes comme un glioblastome. Ce risque peut faire renoncer certains praticiens à recourir à la radiothérapie dans ces pathologies. Cependant ce risque de tumeur secondaire après radiothérapie semble être moindre avec l’utilisation plus parcimonieuse de la radiothérapie et peut-être grâce à l’évolution des techniques de radiothérapie. Afin d’évaluer le risque de seconde tumeur après radiothérapie, une équipe internationale, sous la direction de Niki Karavitaki, à Birmingham, au Royaume-Uni, a évalué ce risque en prenant comme témoins des patients ayant eu la même pathologie initiale (adénome hypophysaire ou craniopharyngiome), ayant eu par la suite le même type de surveillance par IRM mais n’ayant pas été irradiés. En effet, la surveillance régulière de ces patients, qu’ils aient ou non eu une radiothérapie, est effectuée de la même manière, ce qui permet donc de mieux comprendre l’histoire naturelle de ces secondes tumeurs, et leur lien éventuel avec la radiothérapie. L’étude était multicentrique, rétrospective et a porté sur 4 292 patients ayant un adénome hypophysaire ou un craniopharyngiome. Les données concernant les antécédents provenaient des registres départementaux de 6 centres endocrinologiques pour adultes (Birmingham, Oxford, Leeds, Leicester et Bristol, au Royaume-Uni, ainsi que Ferrara en Italie). Les données ont été analysées pour 996 patients ayant eu, soit une radiothérapie bidimensionnelle, soit une radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle, soit une radiothérapie avec modulation d’intensité, et la comparaison a été faite avec les données de 2 683 témoins. Sur les 45 246 patients-année de suivi, une tumeur cérébrale secondaire a été observée chez 61 patients : 7 ont développé des tumeurs malignes (5 chez des patients traités par radiothérapie et 2 chez des témoins non irradiés) et 54 patients ont développé au cours du suivi, une tumeur bénigne (25 après radiothérapie et 29 chez les témoins non irradiés). L’exposition à la radiothérapie et l’âge supérieur au moment de la détection de la tumeur hypophysaire initiale étaient associés à une augmentation du risque de tumeur cérébrale secondaire. Le rapport du taux de survenue chez les patients irradiés était de 2.18 (IC 95 % = 1.31 – 3.62 ; p < 0.0001). La probabilité cumulée de développement d’une tumeur cérébrale secondaire après 20 ans était de 4 % chez les patients irradiés et de 2.1 % chez les témoins. En conclusion, les patients adultes ayant un adénome hypophysaire ou un craniopharyngiome et qui ont été irradiés ont une augmentation du risque de tumeur cérébrale secondaire mais ce risque est considérablement inférieur à ce qui a été rapporté dans les études comparant ce risque à celui de la population générale et sans surveillance de l’imagerie. Ces données permettent de clarifier une question clinique importante et permettront de mieux guider les cliniciens lorsqu’ils conseilleront leurs patients ayant un adénome hypophysaire ou un craniopharyngiome sur les risques et les bénéfices de la radiothérapie.

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