Intervenir sur les acides gras n-3 et n-6 améliore les migraines chez l’adulte

12/07/2021 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les régimes modernes industrialisés tendent à diminuer la composition en acide eicosapentaenoique (EPA) n-3 et en acide docosahexaenoique (DHA) et à augmenter l’acide linoléique n-6. Ces acides gras servent de précurseurs à des molécules de signalisation endogène (oxylipine) qui augmentent (pour l’acide linoléique) ou diminuent (pour l’EPA et la DHA) la douleur dans des modèles précliniques. Afin de déterminer si les interventions diététiques qui augmentent les acides gras n-3 avec ou sans réduction de n-6 pourraient modifier des médiateurs lipidiques circulants impliqués dans les céphalées et diminuer les migraines, un essai contrôlé en 3 bras, par groupes parallèles randomisés, en double insu, a été mis en place aux Etats-Unis sur 16 semaines.

182 participants dont 88 % de femmes, d’âge moyen 38 ans, qui avaient des migraines pendant 5 à 20 jours par mois ont reçu 3 régimes différents en EPA, DHA et acide linoléique. Dans le régime H3 (n = 61), l’EPA et le DHA étaient augmentés jusqu’à 1.5 g/jour et l’acide linoléique maintenu aux environs de 7 % de la consommation énergétique. Dans le régime H3-l6 (n = 61) l’EPA et le DHA n-3 étaient augmentés jusqu’à 1.5 g/jour et l’acide linoléique était diminué à moins de 1.8 % de la consommation énergétique. Enfin, un régime témoin (n = 60) maintenait les consommations d’EPA et de DHA à moins de 150 mg/jour et d’acide linoléique à environ 7 % de la dépense énergétique. Tous les participants recevaient des aliments nécessaires aux 2/3 de leur consommation énergétique quotidienne. En analyse en intention de traiter, les régimes H3-l6 et H3 augmentent les concentrations de 17-HDHA en comparaison du régime témoin : la différence ajustée moyenne est de 0.6 (IC 95 % = 0.2 à 0.9) pour le régime H3-l6 et de 0.7 (0.4 à 1.1) pour le régime H3. L’amélioration du test d’impact des céphalées (HIT6) selon un questionnaire à 6 items évaluant l’impact des céphalées sur la qualité de vie dans les groupes H3l6 et H3 n’était pas statistiquement significative. En comparaison du régime témoin, les régimes H3l6 et H3 ont diminué le nombre d’heures de céphalées quotidiennes totales (-1.7 pour le régime H3l6 ; IC -2.5 à -0.9 et -1.3 ; -2.1 à -0.5 pour le régime H3). Il a diminué de manière non significative le nombre d’heures passé en céphalées modérées à sévères de -0.8 pour le H3l6 et de -0.7 pour le régime H3. Le régime H3l6 a diminué les jours de céphalées par mois plus que le régime H3, suggérant un bénéfice additionnel de la baisse de l’acide linoléique seul. En conclusion, les interventions sur les acides gras H3l6 et H3 modifient les médiateurs bioactifs impliqués dans les céphalées et diminuent la fréquence et la sévérité des céphalées mais n’améliorent pas de manière significative la qualité de vie.

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